65ème ANNIVERSAIRE du CONVOI du 02 juillet 1944
CEREMONIE du SOUVENIR du « TRAIN DE LA MORT »
QUAI des DEPORTES – GARE de COMPIEGNE
à MARGNY lès COMPIEGNE
DIMANCHE 05 JUILLET 2009
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Gare de Compiègne, située à Margny lès Compiègne
Samedi 1er juillet 1944
9h40 : sur les voies 4 et 6, le train n° 7909 est constitué de 37 éléments, dont 25 wagons de marchandises de type "hommes 40 - chevaux en long 8".
Son départ prévu pour le lendemain à pour destination le camp de concentration de Dachau.
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Camp de Compiègne - Royallieu - Frontstalag 122
Dimanche 2 juillet 1944
4h du matin : Réveil, un quart d’eau chaude colorée en guise de
café.
Rassemblement et appel.
La distribution d’une boule de pain et d’un saucisson par détenu a eu lieu la veille.
6h30 : 2162 recensés par la FMD, 2521*hommes d’après les chiffres du CID (Comité International de Dachau), quittent le camp, à pied, sous bonne garde, direction la gare, ce quai.
Ce convoi est le plus important qui n’ait jamais quitté Compiègne. Il est resté tristement célèbre sous le nom de « Train de la mort », en raison du nombre élevé de décès survenus durant le voyage.
Dimanche 2 juillet, 9h15, le train n° 7909 quitte la gare de Compiègne en direction de l’Allemagne.
Dans 25 des 37 éléments constituant le train, les nazis ont entassé une centaine d’hommes.
La chaleur envahit rapidement les wagons.
Le train roule lentement.
A 10h05, il passe à Soissons.
A 11h05, le sabotage de la voie l’oblige à stopper à Saint Brice, quelques kilomètres avant
Reims.
Les dégâts sont peu importants.
Après un arrêt de plus de trois heures sous un soleil de plomb, il reprend sa route à 14h20.
A 14h35, il s’immobilise en gare de
Reims.
La chaleur, le manque d’eau et l’asphyxie sont déjà à l’origine d’une centaine de décès.
A 15h10, il repart, mais après un court trajet, un
nouveau sabotage fait dérailler la locomotive au niveau de l’aiguillage du dépôt de Bétheny.
En attendant le relèvement de la locomotive, les wagons sont ramenés par une loco de manœuvre à la gare de Reims, sur une voie de
garage, où ils stationnent en plein soleil de 15h50 à 20h.
Les morts se succèdent pendant ce long arrêt, alors que la chaleur est suffocante.
Des détenus médecins appellent les services sanitaires.
Les nazis entrouvrent quelques portes.
Dans certains wagons, les hommes, poussés par la folie, s’entretuent.
Enfin, à 20h03, le train reprend sa route vers l’Est, roule toute la nuit, passe à Châlons sur Marne à 21h20, à Vitry le François à 2h, à Blesme à 4h du matin.
Le lundi 3 juillet, 11h45,
le transport s’arrête à Revigny au nord ouest de Bar le Duc.
Les cadavres de la veille commencent à se décomposer.
Les nazis décident d’ouvrir les portes, font descendre les survivants, en désignent quelques- uns pour enlever les corps et les transporter dans des wagons libérés
à cet effet.
Les agonisants sont exécutés par les nazis.
D’autres détenus sont chargés du ravitaillement en eau alors qu’il pleut à torrent.
Ces opérations terminées, les détenus sont regroupés à 100 par wagon.
A 15h05, le convoi quitte Revigny, passe à Bar le Duc à 17h, à Lerouville à 18h10.
Les scènes de violence se poursuivent et le calme ne revient qu’en soirée.
Le convoi franchit la Moselle et s’arrête à 21h50 à la gare-frontière de Novéant.
Les nazis comptent alors 450 cadavres.
Le train stationne en gare de Novéant toute la nuit.
Le mardi 4 juillet, 7h15,
le train quitte Novéant et arrive à Metz à 7h35 où il stationne jusqu'à 10h puis repart et
arrive à Sarrebourg à 11h56.
Les portes s’ouvrent, des infirmières de la Croix Rouge allemande distribuent de la soupe et de l’eau.
A 15h15, brutalement les nazis font stopper le ravitaillement et ordonne le départ.
A 16h, le convoi passe à Saverne,
à 17h15 à Haguenau.
En soirée, le train rejoint Strasbourg, franchit le Rhin puis s’enfonce en Allemagne, roule toute la nuit.
Le mercredi 5 juillet, à 5h,
il passe à Karlsruhe puis Pforzheim à 6h.
A 8h, le train passe à Stuttgart, à 9h10 à
Ulm, puis Burgau à 9h30, Augsbourg à 10h et Munich où il stationne de 11h à 12h20,
repart et arrive à Dachau-gare à 15h.
A 16h30, les survivants font leur entrée au KL Dachau alors que les corps sans vie sont extraits du train puis transportés directement au crématoire sans être enregistrés.
530 hommes recensés par la Fondation, 984 d’après les chiffres du camp, ont trouvé la mort à l’intérieur des wagons pendant les 4 jours de trajet.
1629 survivants seront enregistrés au KL Dachau les 5 et 6 juillet 1944.
Les matricules 76418 à 78047 sont inscrits sur le registre d’immatriculation du camp.
N'OUBLIONS JAMAIS !
2521 ou 2162 hommes partis d'ici, ce 2 juillet 1944
Seulement 947 sont rentrés en 1945.
Pour tous ceux qui ne sont jamais revenus
Pour tous ceux qui nous ont quitté depuis leur retour
Mesdames, Messieurs, observons une minute de silence...
plaque commémorative
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* Une des nombreuses particularités de ce convoi est que la liste de départ (comme chaque convoi, rédigée en quatre exemplaires) a été perdue, détruite ou brûlée. Un déporté du camp de Dachau, parfaitement germanophone, fut employé, par les SS, aux services administratifs du camp et a eu cette liste entre les mains, portant le chiffre de 2521 hommes au départ de Compiègne.
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Rédaction de cet historique à partir du LIVRE - MEMORIAL en quatre tomes de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, également d'après le livre de Christian BERNADAC "convoi 7909, le train de la mort" et des précieux éléments que m'ont apporté Monsieur Yves MEYER, Vice Président de l'Amicale des Déportés du Camp de Concentration de Dachau et Monsieur Roger BELLOT, Président de l'Association des Déportés, Internés et Familles de Disparus (ADIF) de l'Oise, notre Vice Président, tous deux anciens Déportés - Résistants, présents dans ce convoi.
Lecture de cet historique, lors de la cérémonie anniversaire, le dimanche 05 juillet 2009,
sur le quai des déportés, en gare de Compiègne à Margny lès Compiègne.