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  • : Mémorial du wagon de la déportation
  • : Pérenniser la mémoire de la déportation par le transport ferroviaire par la réalisation d'un Mémorial devant avoir pour bases deux wagons conformes à ceux utilisés au départ de Compiègne entre 1942 et 1944. Dans le respect absolu de la vérité historique, qui n'est pas le cas actuellement.
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  • Gérard BOCQUERY
  • Gardien et passeur de Mémoire. Défenseur du respect de la vérité historique. Créateur et administrateur de ce site dédié à la Mémoire de la Déportation.
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La perte de la mémoire du passé est sans doute la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu'un individu. (Ferdinand LOT)

 

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février 2010

 



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Le transport parti de Compiègne le 6 juillet 1942

et arrivé au KL  Auschwitz le 8 juillet 1942

 

 

Effectif recensé : 1 155 hommes

Matricules extrêmes : 45157 46326


Situations :

Evadés durant le transport : 3 (0,3 %)

Décédés et disparus en déportation : 1032 (89,3 %)

Rentrés de déportation : 119 (10,3 %)

Situations non connues : 1 (0,1 %)

 

 

On ignore le nombre exact de déportés, tous de sexe masculin, au départ de Compiègne car ni la liste de départ et ni celle d’arrivée n’ont été retrouvées.

Les quelques rescapés ayant donné un chiffre précis parlent de 1 175 hommes.

Par contre, on connaît le nombre total des déportés (1 170), enregistrés au

camp d’Auschwitz le jour de leur arrivée, grâce à un document de la Résistance

du camp indiquant les numéros d’immatriculation extrêmes des convois arrivés

à Auschwitz pendant cette période.

Deux déportés se sont évadés peu avant Metz. Repris par deux gardes-frontières allemands, ils sont renvoyés sur Paris, internés à Romainville puis à

Compiègne et, enfin, libérés en janvier 1943. Le troisième évadé réussit à se

glisser parmi les passagers de la gare de Metz et à échapper à la déportation.

On ignore le sort des deux manquants à l’arrivée.

La reconstitution de la liste de départ a permis de retrouver 1 155 noms et

plus de 700 matricules. Elle montre que le convoi a été composé par l’addition

de quatre listes alphabétiques successives. Dans les deux premières

(1 110 hommes au total), on trouve essentiellement des communistes,

auxquels sont mêlés quelques socialistes et radicaux – considérés, à tort ou

  à raison, comme ayant des sympathies communistes – et des personnes

dénoncées par pure malveillance comme communistes. Tous ces non-communistes

ne dépassent pas la dizaine. On relève aussi la présence d’une quinzaine

de droit commun. La troisième liste, est homogène : elle porte les noms

de 50 à 56 juifs, arrêtés comme tels, ou identifiés comme juifs après leur

arrestation. La dernière liste, très courte (moins de 10 noms) et incomplète,

ne permet pas de préciser qui sont ces déportés. On peut évaluer à une soixantaine

le nombre d’étrangers dans ce convoi : ce sont, pour la plupart, des Juifs

réfugiés en France dans les années 30 ou des mineurs de Lorraine d’origine

italienne ou polonaise.

Ce transport occupe une place particulière dans la déportation de

répression. Non seulement par sa composition, – c’est l’un des très rares

transports partis de France à ainsi mêler des Juifs, arrêtés en tant que tels,

et des politiques – mais aussi par sa destination, sa date de départ et par ses

objectifs.

Il est l’un des trois transports de déportation de répression à avoir été

dirigés sur Auschwitz-Birkenau, avec le convoi de femmes du 24 janvier 1943

et celui des hommes du 27 avril 1944.

Il est le premier convoi de déportation de répression à quitter Compiègne et

le seul de l’année 1942.

Ces caractéristiques s’expliquent par les objectifs de cette déportation. Il

s’agit d’un convoi de représailles formé, à l’origine, par l’administration militaire

allemande afin de dissuader les dirigeants et les résistants communistes de

poursuivre la guérilla urbaine, commencée en août 1941, sous la forme d’attentats

contre des officiers et des troupes de l’armée d’occupation.

Après avoir ordonné en août 1941 des exécutions massives d’otages, Hitler

décide en 1942, d’y ajouter, la déportation de 500 communistes et Juifs pour

chaque nouvel attentat. Ces mesures de représailles s’inscrivent dans la

croisade hitlérienne contre « l’adversaire idéologique et racial du peuple

germanique » : le « judéo-bolchevisme ». C’est ainsi que les deux premiers

convois de la « solution finale » sont également partis vers Auschwitz sous le

prétexte de la politique de représailles.

Le transport du 6 juillet 1942 doit « déporter vers l’Est » les otages communistes.

Ceux-ci sont soigneusement choisis dans chaque département de la

zone occupée par les Feldkommandant, selon les directives du Commandant

militaire en France (MBF) relatives au mode de désignation des otages à

exécuter et/ou à déporter. Cette sélection a pu se réaliser grâce aux renseignements

fournis par les autorités françaises.

Le responsable en France des affaires juives de la police de Sécurité (Sipo-

SD), chargé de l’organisation du transport, y ajoute les derniers otages juifs du

camp de Compiègne, – ce qui pourrait expliquer la destination du convoi vers

Auschwitz, à la fois camp d’extermination et de concentration –.

Ces déportés sont arrêtés entre septembre 1939 et juin 1942 : pour 30 %

d’entre eux avant le 22 juin1941, et 12 % dans les jours suivant l’attaque

allemande contre l’Union soviétique (entre le 22 et le 30 juin 1941). A partir

de septembre 1941, les Allemands procèdent à de nouvelles arrestations de

masse dans plusieurs départements, notamment en Meurthe-et-Moselle, dans

le Calvados, la Seine-Inférieure, la Seine-et-Marne et dans l’ancien département

de la Seine, à la suite des attentats et des sabotages organisés par

les communistes. C’est dans cette dernière période, essentiellement en mai

1942, que les Juifs destinés à être déportés dans le cadre des représailles

sont arrêtés en même temps que les communistes.

Dans la quasi totalité des cas, des policiers ou des gendarmes français sont

présents, agissant seuls ou apportant leurs compétences à l’occupant.

Ces déportés sont en majorité des ouvriers (en particulier de la métallurgie

et du bâtiment), des mineurs, des cheminots, mais aussi des artisans, des

commerçants, des enseignants, etc.

Ces hommes sont généralement des syndicalistes de la CGT et des militants

communistes : ils sont secrétaires ou trésoriers de cellule, mais certains

ont un niveau de responsabilité plus élevé . Au moins 86 d’entre eux sont d’anciens

élus : maires, conseillers municipaux ou d’arrondissement, ou même

député (Robert Philippot).

Ces déportés sont domiciliés dans 43 des 49 départements de la zone

occupée. Plus de la moitié sont des habitants de la Seine.

Une partie importante d’entre eux sont des résistants du Front national de

lutte pour la liberté et l’indépendance de la France. Quelques-uns appartiennent

  à d’autres organisations de Résistance.

Un tiers au moins des futurs « 45 000 » ont été sélectionnés parmi les

otages déjà présents au camp de Compiègne avant le 27 avril 1942. Une

partie des autres sont transférés après cette date depuis les prisons et les

camps d’internement français. D’autres enfin sont amenés directement à

Compiègne en mai 1942 à la suite des attentats commis en avril et en mai

dans leur région.

D’après le témoignage d’un détenu polonais travaillant au bureau de la

Gestapo du camp d’Auschwitz, le convoi serait arrivé au camp-souche,

Appelé par la suite Auschwitz-I, avec l’ordre de lui « appliquer le traitement

Nacht und Nebel : c’est-à -dire que les détenus ne pouvaient communiquer

avec l’extérieur ». Ce qui ne signifiait pas que les « 45000 » étaient réellement

des NN, c’est-à-dire des prisonniers qui auraient dû être jugés en Allemagne

selon l’ordre de Keitel.

A leur arrivée le 8 juillet 1942, les déportés sont enregistrés entre les

numéros 45157 et 46326 et deviennent ainsi pour les autres détenus des

« 45 000 ». Ils sont conduits, le lendemain, à Birkenau. Le 13 juillet, la moitié

d’entre-eux retournent à Auschwitz-I, les autres restent à Birkenau. Au bout de

neuf mois, ils ne sont plus que 160 dont 27 pour ceux demeurés à Birkenau. En

décembre 1942, quelques « 45000 », contactés par des résistants du « Comité

international », dirigé par des communistes autrichiens (dont Hermann

Langbein) et allemands des Sudètes, créent le premier réseau français de

résistance à Auschwitz-Birkenau.

En mars et août 1943, les derniers « 45000 » de Birkenau rejoignent

Auschwitz-I. Le 4 juillet, ils reçoivent le droit d’écrire à leur famille. Puis ils

connaissent une sorte de répit lorsqu’ils sont placés en quarantaine, à partir

d’août 1943, au premier étage du block 11, la prison du camp, jusqu’en

décembre 1943.

A partir de l’été 1944, les SS commencent à évacuer Auschwitz. A la fin

août et au début de septembre 1944, les « 45000 » sont divisés en quatre

groupes dont trois sont transférés à Gross-Rosen, Sachsenhausen et Flossen-

burg d’où ils sont évacués en 1945. Ceux restés à Auschwitz partent le

18 janvier 1945 pour Mauthausen, à l’exception de trois d’entre eux qui

assistent à la libération du camp par les Soviétiques.

Sur les 1 170 hommes immatriculés, il ne reste, en mai 1945, que 119 survivants.

 

 


Claudine Cardon-Hamet

 

 

 

~~~~~~

 

 


Ces pages sont extraites du :



LIVRE-MEMORIAL

des déportés de France

arrêtés par mesure de répression

et dans certains cas par mesure de persécution

1940-1945

Fondation pour la Mémoire de la Déportation

 

 

(c) copyright 2004 - Editions Tirésias

 

 



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