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Transport parti de Compiègne le 13 août 1943
et arrivé à Buchenwald le 14 août 1943
Effectif recensé : 38 hommes
Situations :
Libéré par les autorités allemandes : 1
Décédé ou disparu en déportation : 1
Rentrés de déportation : 36
C’est un transport particulier à plus d’un titre qui quitte Compiègne le
13 août 1943.
D’abord par son origine et sa formation. En effet, c’est sans doute le
premier transport de « personnalités-otages » à quitter la France ; et s’il part
de Compiègne, il n’a rien de commun avec ceux très importants en nombre qui
ont déjà été formés vers des KL au départ du premier centre de détention
allemand en zone occupée. Il répond à une inflexion de la politique répressive
dans le ressort du Commandement militaire allemand de Paris, résultat d’une
modification de la carte militaire. Depuis mai, et la chute de Tunis, les Alliés
contrôlent le Maghreb. En juillet, ils ont pris pied en Sicile. Les Allemands
craignent un débarquement en Provence, et face à cette situation, ils ont
dressé des listes de personnalités civiles et militaires susceptibles d’être
arrêtées. Ce transport de déportation, d’un effectif faible, est le résultat direct
et immédiat de ces arrestations préventives et ciblées, quasiment toutes effectuées
entre le 9 et le 11 août dans une quinzaine de départements.
Après ce premier cas, et avec quelques différences notables, le 31 août,
puis le 10 septembre, deux autres transports de « personnalités-otages » sont
organisés dans le ressort du commandement militaire allemand de Paris.
Particulier, ce transport l’est ensuite par sa composition homogène,
résultat de ces objectifs allemands. Avec 25 membres , les militaires forment
en effet le groupe le plus nettement représenté. Les Allemands craignent en
effet qu’ils jouent un rôle actif dans la résistance armée qui se met en place. Ce
sont surtout des hauts gradés puisqu’on compte au moins 12 généraux,
3 colonels et 5 commandants. Peu ont eu le temps de résister activement,
certains sont arrêtés après des contacts entamés avec des résistants,
comme ce colonel en relation avec le général Frère, la plupart subissent la
mesure de représailles allemande. Ces militaires sont accompagnés de repré-
sentants de la société civile : 8 hauts fonctionnaires arrêtés pour leur refus de
l’Occupation (2 préfets, 1 sous-préfet, 4 inspecteurs des Finances et
1 inspecteur général des Mines) et 5 professions libérales (1 avocat,
2 banquiers, 1 ingénieur et 1 universitaire).
Le plus âgé de ces déportés, militaire en retraite, a 66 ans, alors que le plus
jeune, préfet de Côte d’Or, a 31 ans. 26 de ces 38 hommes ont plus de
quarante-cinq ans au moment du départ.
Enfin, la spécificité de ce transport est marquée par la destination et le
devenir des déportés. En effet, si ces derniers arrivent au camp de Buchenwald,
ils n’y sont pas immatriculés, ne séjournent apparemment pas dans le camp
central réservé aux autres déportés, et en repartent rapidement. Dès le 31 août,
ils sont transférés à Plansee, près de Füssen, où un hôtel a été spécialement
aménagé pour accueillir ces « personnalités-otages » au sort particulier. Il est
officiellement classé comme Kommando du KL Dachau.
Henri de Tournemire, militaire en retraite, y est entendu par un officier SS
du SD (Sicherheitsdienst) de Berlin, la police allemande, à sa demande, pour
dénoncer une arrestation qu’il juge arbitraire, résultat d’une méprise selon lui
sur la personne. Quelques mois plus tard, en février 1944, il est libéré de
Plansee et peut revenir chez lui. Un mois plus tard, Edouard Galletier,
professeur à la Sorbonne à Paris, est transféré pour une raison inconnue à la
prison d’Hirsberg. Il rentre de déportation en mai 1945. Jules Meny, ingénieur,
réussit, lui, à la fin du mois d’août 1944, à s’évader de Plansee. Mais, repris, il
est envoyé au KL Dachau où il est immatriculé 111333. Transféré ensuite au KL
Buchenwald, il décède en déportation. Les autres passent l’intégralité de leur
déportation à Plansee, avant leur libération en mai 1945 par les troupes alliées.
Tous rentrent ensuite en France.
Thomas Fontaine
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Ces pages sont extraites du :
LIVRE-MEMORIAL
des déportés de France
arrêtés par mesure de répression
et dans certains cas par mesure de persécution
1940-1945
Fondation pour la Mémoire de la Déportation
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