Février 2010
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Transport parti de Compiègne le 14 décembre 1943
et arrivé au KL Buchenwald le 16 décembre 1943
Effectif recensé : 933 hommes
Matricules extrêmes : 38001 à 38919
Situations :
Evadés durant le transport : 11 (1,2 %)
Décédés durant le transport : 1 (0,1 %)
Décédés et disparus en déportation : 328 (35,1 %)
Rentrés de déportation : 498 (53,4 %)
Situations non connues : 95 (10,2 %)
C’est le cinquième grand transport parti de Compiègne à arriver à
Buchenwald. Les « 38000 » y parviennent huit semaines après les « 31000 »
et les circonstances ne sont plus exactement les mêmes.
Il continue à y avoir une forte proportion de personnes arrêtées pour avoir
cherché à passer en Espagne, et aussi en Suisse. D’autres se sont livrées à
des manifestations anti-allemandes diverses, comme des chants séditieux.
Mais on identifie mieux qu’auparavant les résistants organisés, une quarantaine
de membres actifs dans un sondage portant sur 150 déportés. Ils appartiennent
aux réseaux Alliance, Buckmaster, Centurie, Mithridate, aux mouvements
Combat, Libération, OCM, Turma Vengeance, à l’Armée secrète, aux FTPF. Une
dizaine de personnes ont été arrêtées pour aide à un maquis dans l’Aude. Il faut
signaler aussi l’arrestation de membres de l’Etat-Major de la 13e région militaire
dans un château dont le parc abritait de l’artillerie camouflée et un dépôt d’essence.
Une des principales personnalités du transport est Christian Pineau,
déporté sous le nom de Jacques Grimaud. Syndicaliste, il a été un des fondateurs
de Libération-Nord et du réseau Phalanx. Dès son retour de Buchenwald,
il sera nommé en mai 1945 ministre du Ravitaillement. Compagnon de la
Libération, il a écrit La Simple Vérité. 1940-1945.
Une autre personnalité est André Marie, député de la Seine-Inférieure
depuis 1928. Sous-secrétaire d’Etat en 1933 et en 1934, il sera à plusieurs
reprises ministre de la Justice, puis de l’Education nationale entre 1947 et
1954, et président du Conseil en 1948.
Le transport suit l’itinéraire le plus courant entre Compiègne et Weimar par
Metz et Francfort. Les 11 évasions réussies ont lieu dans la traversée de la
Marne. L’embranchement ayant été remis en état, le train peut pour la première
fois aller jusqu’à Buchenwald où il arrive dans la nuit du 16 au 17 décembre à
3 heures du matin.
921 déportés sont immatriculés, 821 Français et 100 étrangers, dont
25 Néerlandais, 20 Belges, 20 Polonais et 18 de nationalité inconnue (à
noms slaves).
Au total, 328 Français sur 821 sont envoyés à Dora, soit 40 %, un pourcentage
inférieur aux transports précédents, mais encore très important. Le
transfert a lieu le 11 janvier 1944. On enregistre, entre cette date et le 31 mars
47 décès à Dora, auxquels s’ajoutent 13 transferts à Lublin et 26 transferts à
Bergen-Belsen. La perte totale est de 86 personnes dans la dernière phase de
« l’Enfer de Dora », soit 26,2 % en 80 jours, ce qui est considérable. Les autres
décès auront lieu ultérieurement à Ellrich ou à la Boelcke Kaserne.
En dehors de Dora, on constate la suite de transferts limités, mais réguliers,
vers Schönebeck (124 noms au moins), et des transferts plus tardifs, mais
importants, vers Langenstein.
En outre, une cinquantaine de déportés de ce transport ont été envoyés à
Neuengamme.
André Sellier
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Ces pages sont extraites du :
LIVRE-MEMORIAL
des déportés de France
arrêtés par mesure de répression
et dans certains cas par mesure de persécution
1940-1945
Fondation pour la Mémoire de la Déportation
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