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Convoi parti de Compiègne le 16 avril 1943
et arrivé au KL Mauthausen le 18 avril 1943
Effectif recensé : 994 hommes
Matricules extrêmes : 26173 – 27163
Situations :
Evadés durant le transport : 1 (0,1 %)
Décédés et disparus en déportation : 437 (44 %)
Rentrés de déportation : 482 (48,5 %)
Situations non connues : 74 (7,4 %)
Ce transport est le second organisé de Compiègne en 1943 après celui
parti le 24 janvier vers les KL Sachsenhausen et Auschwitz. Il débute une
période au cours de laquelle, en trois semaines, prés de 4 000 personnes
sont déportées. Il est le résultat, d’une part, d’une aggravation de la répression
par les autorités allemandes, et d’autre part, dans le cadre de l’opération Meerschaum
ou « Ecume de mer », d’un besoin de main-d’oeuvre pour l’économie du
Reich et les projets de la SS.
La majorité des arrestations des personnes de ce transport a lieu au cours
des premiers mois de l’année 1943, c’est-à-dire peu de temps avant leur
déportation. Beaucoup sont liées aux rafles entreprises par les Allemands.
En effet, la police allemande cherche par exemple à appréhender toutes les
personnes se trouvant en situation irrégulière comme les personnes réfractaires
au travail ou les prisonniers de guerre évadés. Plusieurs rafles de
grande ampleur sont alors organisées, notamment celle du 25 février à Tours
où la Feldgendarmerie, principalement, arrête entre 150 et 200 personnes sur
la place Jean Jaurès et dans différents cafés de la ville. Toutes sont conduites
en camion à la maison d’arrêt où, après des interrogatoires, certaines sont
relachées aussitôt, tandis que d’autres sont dirigées sur le camp de Compiègne
Royallieu pour être déportées. Le même jour, la même opération se produit au
Mans et à Blois. D’autres personnes, appréhendées au cours des rafles du
19 janvier à Orléans et du 1er mars à Melun, figurent également dans ce
transport. De même, depuis la fin de l’année 1942, les services de la police
allemande établissent des listes d’individus considérés comme « asociaux » et
mettent sur pied plusieurs opérations au cours desquelles toutes les personnes
désignées sont appréhendées, internées à Compiègne et, en majeure partie,
déportées par la suite.
Par ailleurs, les Allemands effectuent également des rafles de représailles
devant la montée du refus de l’Occupation. Ainsi, le 1er mars à Villeurbanne, la
Wehrmacht arrête 134 hommes en raison de l’action résistante menée dans
cette ville. Si toutes sont regroupées au camp de Compiègne, on remarque que
toutes les personnes dont le nom commence par les lettres A à L sont
déportées dans ce transport, et toutes celles de M à Z dans le transport
suivant qui part également vers le KL Mauthausen quatre jours plus tard.
Enfin, figurent également dans ce transport de nombreux membres d’organisations
de Résistance, comme ceux des réseaux Alibi arrêtés le 7 septembre
1942 à Besançon et Hector le 11 février 1943 à Vendôme ; ou ceux des
mouvements OCM arrêtés à Bayeux le 26 février 1943, Combat arrêtés à
Limoges le 1er mars 1943, Libération-Sud arrêtés le 4 mars 1943 à Bouguenais
en Loire-Inférieure ; parmi ces derniers se trouve Gaston Charlet, sénateur de
la Haute-Vienne.
Au total, toutes ces personnes sont arrêtées dans plus d’une trentaine de
départements différents.
Le trajet dure deux jours et le transport arrive le 18 avril au KL Mauthausen,
mais on ne possède que peu d’éléments en ce qui concerne les conditions dans
lesquelles il s’est déroulé. Au cours du trajet, on a pu recenser 1 personne au
moins évadée entre Metz et Sarrebruck.
La très grande majorité des déportés de ce transport reste dans le
complexe du KL Mauthausen et est directement envoyée au travail dans ses
Kommandos extérieurs pour servir de main-d’oeuvre à des projets différents.
Le groupe le plus important, de plus de 200 déportés, est transféré vers le
Kommando de Loibl Pass, afin de travailler à la construction d’un tunnel
routier entre l’Autriche et la Slovénie. Par ailleurs, 38 personnes du transport
sont envoyées au Kommando de Schlier, situé à Redl-Zipf en Haute-Autriche,
au nord-est de Salzburg, et 6 seulement sont rentrées. « Schlier » est le nom de
code secret du site, ouvert en octobre 1943, où se trouve implantée une usine
secrète de production d’oxygène liquide pour les fusées V2, ainsi qu’un centre
d’essai capable de tester la performance de chaque réacteur. Les autres principaux
Kommandos dans lesquels sont envoyés les déportés de ce transport,
sont ceux de Gusen, Wiener Neudorf, et Ebensee, où entre 45 et 55 %
décèdent. Au moins 59 personnes sont emmenées au château d’Harteim
pour y être gazées. On note que près 11 % des membres du transport
décèdent au camp central sans connaître, semble-t-il, un autre lieu de déportation.
Enfin, ils sont un peu plus de 5 % à être transférés vers les KL
d’Auschwitz, Dachau, Buchenwald ou Sachsenhausen.
Thomas Fontaine, Manuel Maris
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Ces pages sont extraites du :
LIVRE-MEMORIAL
des déportés de France
arrêtés par mesure de répression
et dans certains cas par mesure de persécution
1940-1945
Fondation pour la Mémoire de la Déportation
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