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Transport parti de Compiègne le 20 avril 1943
et arrivé au KL Mauthausen le 22 avril 1943
Effectif recensé : 997 hommes
Matricules extrêmes : 27732 – 28718
Situations :
Evadés durant le transport : 1 (0,1 %)
Décédés et disparus en déportation : 422 (42,3 %)
Rentrés de déportation : 517 (51, 9 %)
Situations non connues : 58 (5, 8 %)
Ce transport quitte Compiègne le 20 avril, quatre jours après celui du 16
dont il est complémentaire à de nombreux points de vue. Il s’inscrit dans une
période au cours de laquelle, en trois semaines, près de 4 000 personnes sont
déportées. Il est le résultat, d’une part d’une augmentation de la répression par
les autorités allemandes, et d’autre part d’un besoin de main-d’oeuvre pour
l’économie du Reich et les projets de la SS, dans le cadre de l’opération Meerschaum
ou « Ecume de mer ».
Comme pour le transport précédent, la majorité des arrestations de ces
déportés a lieu au cours des premiers mois de l’année 1943, soit peu de
temps avant le départ en déportation.
Un grand nombre de ces personnes sont arrêtées au cours de rafles
organisées par les autorités allemandes, visant principalement les personnes
étant en situation irrégulière comme les réfractaires au travail obligatoire ou
les prisonniers de guerre évadés. A Nancy, la Feldgendarmerie arrête, par
exemple, entre les 1er et 5 avril, jours des conseils de révision, toutes les
personnes réfractaires au STO. D’autres arrestations ont lieu du 7 au 9 mars
à Bar-le-Duc et à Ligny-en-Barrois dans la Meuse, et le 12 mars 1943 à la
gare de l’Est à Paris, à la suite de manifestations anti-allemandes au moment
du départ de requis du STO.
Mais les Allemands effectuent également des rafles de représailles : l’on
retrouve ainsi dans ce transport des personnes arrêtées le 1er mars 1943 à
Villeurbanne, et dont le nom commence par les lettres M à Z, tous ceux des
lettres A à L étant partis dans le transport précédent.
Enfin, plusieurs membres d’organisations de Résistance sont également
déportés dans ce transport, comme par exemple ceux du réseau Turma -
Vengeance, arrêtés notamment le 9 mars à Bourges et le 11 mars à Coulommiers
en Seine-et-Marne. D’autres sont arrêtés dans les Pyrénées en voulant
franchir la frontière espagnole pour rejoindre les Forces Françaises Libres.
Le trajet dure deux jours et le transport arrive le 22 avril 1943. Au cours
de celui-ci, 10 évasions au moins ont lieu dans la forêt de la Warndt près de
Sarrebruck. Mais, repris le lendemain, les évadés sont internés à Metz et
envoyés à la prison de Sarrebruck le 28 avril 1943 : 7 d’entre eux arrivent le
22 mai au KL Mauthausen et sont immatriculés dans la série des « 29900 » ;
les 3 autres arrivent le 18 juin au KL Mauthausen et sont immatriculés dans
la série des « 31800 ».
La très grande majorité des déportés de ce transport reste dans le
complexe du KL Mauthausen et est directement envoyée au travail dans ses
Kommandos extérieurs pour servir de main-d’oeuvre à différents projets. En
effet, plus de 250 personnes sont envoyées dans celui de Loibl Pass, avec leurs
camarades du transport précédent, afin de réaliser un tunnel routier entre l’Autriche
et la Slovénie. Près de 9 % ne rentrent pas. 51 déportés sont également
transférés vers le Kommando de Schlier, situé à Redl-Zipf en Autriche, et 75 %
d’entre eux ne reviennent pas de déportation. « Schlier » est le nom de code
secret du site, ouvert en octobre 1943, où se trouve implantée une usine
secrète de fabrication de carburant pour les fusées V2, ainsi qu’un centre
d’essai capable de tester la performance de chaque réacteur. Les autres principaux
lieux de transfert après le KL Mauthausen, sont les Kommandos d’Ebensee,
Wiener Neudorf, Linz III et Gusen. Au moins 54 personnes sont
emmenées au château d’Hartheim pour y être gazées. On note que près de 8 %
des membres du transport décèdent au camp central sans connaître, semble-t-il,
un autre lieu de déportation. Enfin, ils sont un peu plus de 5 % à être transférés
vers les KL d’Auschwitz, Dachau, Buchenwald ou Sachsenhausen.
Thomas Fontaine, Manuel Maris
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Ces pages sont extraites du :
LIVRE-MEMORIAL
des déportés de France
arrêtés par mesure de répression
et dans certains cas par mesure de persécution
1940-1945
Fondation pour la Mémoire de la Déportation
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