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Transport parti de Compiègne le 25 juin 1943
et arrivé au KL Buchenwald le 27 juin 1943
Effectif recensé : 999 hommes
Matricules extrêmes : 13979 – 14940
Situations :
Evadés durant le transport : 34 (3,4 %)
Décédés et disparus en déportation : 387 (38,8 %)
Rentrés de déportation : 435 (43,5 %)
Situations non connues : 143 (14,3 %)
C’est le premier transport important parti de Compiègne qui soit parvenu à
Buchenwald. Ce sera le cas des sept transports suivants, jusqu’à la fin de
janvier 1944. L’effectif total de ces huit transports est de 10 274 déportés, ce
qui représente une proportion importante de l’ensemble de la déportation de
répression. Cette situation n’est pas sans rapport avec l’importance prise alors
par la production des fusées A4, les futurs V2. En effet, à chacun de ces
transports, de très nombreux déportés sont transférés, d’abord à l’usine de
Peenemünde, puis à Dora pour la construction de l’usine du Tunnel.
Au milieu de 1943, la mise en oeuvre du Service du Travail Obligatoire
suscite l’hostilité de la jeunesse française. Certains refusent de partir et
entrent dans la clandestinité, munis ou non de faux papiers, avec des risques
d’arrestation dans des rafles. Dans certaines régions, des réfractaires se
rendent dans des maquis, que les Allemands et la milice s’efforcent de
réduire. D’autres, très nombreux, cherchent à franchir les Pyrénées pour
gagner l’Afrique du Nord par l’Espagne. Les arrestations se multiplient le long
de la frontière, en particulier dans les Basses-Pyrénées et les Pyrénées-Orientales.
De l’agitation – comme l’usage de la sonnette d’alarme – se produit dans
des trains emmenant en Allemagne des jeunes qui ont répondu à leur convocation.
Homère Fonteneau, qui se trouve dans un tel train entre Poitiers et Paris
le 17 juin 1943, fait partie d’une trentaine de jeunes qui sont alors arrêtés à
l’arrivée et transférés à Compiègne.
Les activités anti-allemandes, et la répression, prennent des formes
diverses : grève à Martigues dans une usine, manifestation à Lapalisse
(Allier) devant la maison d’un collaborateur, distributions de tracts, etc. Les
arrestations touchent de nombreux départements.
Au total, 999 déportés quittent Compiègne le 25 (ou peut-être le 26) et
arrivent le 27 à la gare de Weimar. Il s’agit de 860 Français et de 139 étrangers,
dont 62 Néerlandais, 43 Polonais et 19 Belges. 34 évasions se produisent avant
Châlons-sur-Marne, ce qui provoque le transfert de certains prisonniers, déshabillés
dont Homère Fonteneau, dans d’autres wagons. 5 des 34 évadés seront
à nouveau arrêtés et déportés en 1943 ou 1944. 3 autres évadés (étrangers)
sont ensuite repris et rejoignent leurs camarades à Buchenwald. A l’issue du
voyage, les déportés doivent gagner Buchenwald à pied de la gare de Weimar.
En effet la ligne construite entre Weimar et Buchenwald par des détenus, qui a
été inaugurée le 21 juin, n’a pas résisté. Elle ne sera en état qu’en décembre
1943.
Après la quarantaine, le 9 juillet, un transport de quelque 350 « 14000 » est
organisé en direction de Karlshagen, dans l’île d’Usedom, un Kommando
dépendant du camp d’hommes de Ravensbrück. Ils sont en fait internés dans
l’usine de fusées de Peenemünde, à l’instar des détenus de Sachsenhausen
qui constituent déjà un Kommando à l’intérieur de l’usine Heinkel d’Oranienburg.
La base de Peenemünde ayant été bombardée dans la nuit du 17 au
18 août 1943, Hitler décide immédiatement que l’usine de fusées sera transférée
dans un site souterrain et que seule une main-d’oeuvre concentrationnaire
y travaillera en dehors du personnel allemand. Le site choisi est la colline du
Kohnstein, au sud du Harz. Le camp de Dora – un nom de code – accueillera là
les détenus travaillant à l’« usine du Tunnel ». Dans les premiers mois, il ne
s’agira en fait que d’un chantier très meurtrier.
A la fin d’août 1943, un premier Kommando d’une centaine d’hommes
arrive sur place de Buchenwald. Parmi eux se trouve un « 14000 », Hessel
Groeneveld, un médecin hollandais arrêté à Paris, qui jouera un rôle important
au Revier de Dora. Au total, 116 déportés de la série des « 14000 » vont directement
de Buchenwald à Dora dans les semaines suivantes. D’un autre côté,
les très nombreux survivants de Karlshagen reviennent à Buchenwald, y sont
réimmatriculés, puis transférés à Dora en octobre. Ce groupe de déportés subit
des pertes importantes, soit à Dora, soit dans les « camps de repos » de Lublin-
Maÿdanek et de Bergen-Belsen où sont envoyés des convois de malades. L’un
d’entre eux, Michel Fliecx, qui survivra jusqu’à la libération en avril 1945, a écrit
sous le titre Pour délit d’espérance le récit de son parcours Buchenwald-Karlshagen-
Buchenwald-Dora-Bergen-Belsen. C’est un témoignage essentiel.
Les nouveaux venus passés dans le « grand camp » de Buchenwald
arrivent dans un milieu dont les Français ont été jusqu’alors pratiquement
absents. L’administration interne du camp est assurée par des détenus
« rouges », allemands, tchèques ou polonais, en majorité communistes, qui
ne sont pas spontanément favorables à des Français très inexpérimentés sur
le plan politique.
En dehors de ceux qui sont envoyés systématiquement à Dora, on identifie
d’autres transports depuis Buchenwald, en particulier celui de détenus affectés
aux ateliers DAW appartenant à la SS. On les envoie travailler à Lublin. De là,
du fait d’évacuations successives, les survivants se sont retrouvés en majorité à
Auschwitz, puis à Mauthausen. Tel est le parcours d’Homère Fonteneau.
Les autres membres du transport des « 14000 » sont demeurés à
Buchenwald et beaucoup ont été pris, à un moment ou un autre, dans un
transport soit vers un Kommando de Buchenwald, soit vers un autre camp.
On ignore le sort de 91 des 139 étrangers arrivés le 27 juin 1943. Les situations
non connues pour les Français portent sur 52 personnes, soit 6 % de l’effectif.
André Sellier
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Ces pages sont extraites du :
LIVRE-MEMORIAL
des déportés de France
arrêtés par mesure de répression
et dans certains cas par mesure de persécution
1940-1945
Fondation pour la Mémoire de la Déportation
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