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  • : Mémorial du wagon de la déportation
  • : Pérenniser la mémoire de la déportation par le transport ferroviaire par la réalisation d'un Mémorial devant avoir pour bases deux wagons conformes à ceux utilisés au départ de Compiègne entre 1942 et 1944. Dans le respect absolu de la vérité historique, qui n'est pas le cas actuellement.
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  • Gérard BOCQUERY
  • Gardien et passeur de Mémoire. Défenseur du respect de la vérité historique. Créateur et administrateur de ce site dédié à la Mémoire de la Déportation.
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La perte de la mémoire du passé est sans doute la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu'un individu. (Ferdinand LOT)

 

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mars 2010

 

 

25

 

 

 

Transport parti le 15 juillet 1944 de Compiègne

et arrivé le 18 juillet 1944 au KL Neuengamme

 

Effectif recensé : 1202 hommes

 

Matricules extrêmes : 3620637700

 

Situations :

Evadés durant le transport : 4 (0,3 %)

Décédés et disparus en déportation : 749 (62,3 %)

Rentrés de déportation : 352 (29,3 %)

Situations non connues : 97 (8,1 %)

 

 

 

Effectif recensé : 326 « personnalités-otages »

 

Situations :

Evadés durant le transport : 0

Décédés et disparus en déportation : 12 (3,7 %)

Rentrés de déportation : 313 (96 %)

Situations non connues : 1 (0,3 %)

 

 

 

Le samedi 15 juillet 1944, le troisième grand transport à destination du KL

Neuengamme part de Compiègne. Ce sont plus de 1 500 hommes entassés

dans des wagons à bestiaux qui arrivent à destination dans la matinée du mardi

18 juillet, après deux jours et demi de voyage.

Le train est stoppé plusieurs fois après son départ en raison des bombardements

alliés et des tentatives d’évasion. 4 noms d’évadés dans le département

de l’Aisne, peu après le départ, ont pu être retrouvés. Ce nombre est

certainement inférieur à la réalité car des témoignages affirment que

17 personnes au moins manquent à l’arrivée au KL Neuengamme, évadées

ou décédées durant le voyage.

Le train passe par Metz, Thionville, puis Trèves. Le lundi 17 juillet, dans

l’après-midi, il arrive à Coblence, où les déportés sont ravitaillés en nourriture et

en eau. Enfin, le mardi 18, le transport arrive en gare de Hambourg, puis à

Neuengamme, où les SS organisent le débarquement des déportés.

1 525 déportés sont immatriculés le lendemain de leur arrivée.

Le débarquement a eu lieu depuis plus d’un mois déjà lorsque ce transport

quitte Compiègne, mais les déportations se poursuivent, vidant progressivement

ce centre majeur de détention en zone occupée. Après ce départ,

deux autres transports importants quittent le camp de Compiègne pour

arriver en Allemagne. Dès lors, la composition de ce transport reflète ce

contexte particulier : d’abord par le fait que les déportés ont été très majoritairement

arrêtés dans les cinq mois qui précèdent le départ, c’est-à-dire au

moment où la répression allemande s’amplifie face aux montées des actions

armées ; et ensuite parce qu’il présente de nombreux cas d’arrestation diffé -

rents, qui s’expliquent par le regroupement des détenus opéré à Compiègne,

alors que les Allemands en ont encore le temps.

On retrouve donc ici, en dehors de quelques condamnés de droit commun,

une majorité de résistants et de personnes arrêtées dans des rafles massives.

Beaucoup sont des membres de réseaux et de mouvements démantelés :

ainsi, 10 membres des Corps-Francs Vengeance, arrêtés dans la région

d’Evreux, en mai 1944 à la suite d’une dénonciation ; ou à Reims (Marne), le

groupe local de Libération-Nord qui est démantelé à la suite de la distribution de

journaux clandestins ; enfin, dernier exemple, le cas des prêtres et des séminaristes

responsables de la diffusion des Cahiers du Témoignage chrétien qui

sont arrêtés à Marseille en mars 1944. Léonel de Moustier, parlementaire qui a

refusé de voter les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940,

résistant au sein de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), est

arrêté en août 1943.

Par ailleurs, dans plusieurs départements, des maquisards sont arrêtés à

l’issue de combats directs avec l’armée allemande. Ainsi, des membres du

maquis de Châtenois, dans les Vosges, sont arrêtés en mai. Dans le Morbihan,

les Allemands font prisonniers plusieurs groupes de jeunes réfractaires au STO

qui avaient constitué des groupes armés.

Mais les autorités allemandes, aidées souvent par des membres de la

Milice, procèdent également à des rafles de représailles contre la population

qui aide la Résistance : un groupe important d’hommes de ce transport sont

ainsi raflés le 24 juin dans le bourg de Murat (Cantal). La rafle a été organisée

après un accrochage avec le maquis douze jours plus tôt. Au moins

130 personnes sont ainsi arrêtées et déportées dans ce transport. Les opérations

peuvent parfois être moins massives : un groupe de 9 personnes, originaires

des Côtes-du-Nord, est arrêté à Mael-Carhaix, à la suite de l’attaque d’un

commando allemand contre un café où de jeunes résistants-maquisards

avaient l’habitude de se réunir.

Toutefois, la composition de ce transport se distingue aussi par la présence

de tout un groupe de 326 personnes que l’on peut qualifier de « personnalité otages

», et que les Allemands nomment Prominenten. Pour la plupart, il s’agit

d’hommes politiques (dont Albert Sarraut, ancien président du Conseil, qui sera

transféré dans un autre camp, plusieurs anciens ministres, sénateurs, députés),

d’officiers de l’armée, de fonctionnaires de tous grades, de magistrats, d’ecclé -

siastiques, de médecins, d’industriels et d’autres professions très diverses. Ils

ont tous été arrêtés dans les jours qui suivent le débarquement allié en

Normandie, alors qu’ils étaient surveillés depuis longtemps. Les Allemands

pensaient-ils se servir de ces otages comme monnaie d’échange, ou bien

craignaient-ils, comme le pense le général Brunet de « trouver [en eux] de

futurs cadres pour la nouvelle organisation administrative, politique ou morale

d’une France progressivement libérée ». Après avoir partagé le sort commun

des autres déportés pendant le transport, ils sont immatriculés dans la même

série et sont isolés dans deux Blocks avec leurs vêtements et leurs objets

personnels. Ils sont exemptés de travail au camp et dans les Kommandos

extérieurs et peuvent se réunir librement.

Si un certain nombre de déportés restent au KL Neuengamme jusqu’à

l’évacuation en avril 1945, la majorité est affectée dans des Kommandos exté -

rieurs. Ainsi, le 1er août, plus de la moitié de l’effectif d’un convoi de

800 hommes vers celui de Bremen-Farge est constituée d’hommes arrivés le

18 juillet au camp. Ce Kommando utilise la main-d’oeuvre concentrationnaire

pour la construction de la grande base sous-marine « Valentin ». Au moins

120 autres déportés sont aussi envoyés dans un Kommando de la ville de

Bremen-Osterort, où l’on construit un abri-bunker pour des sous-marins.

D’autres groupes, moins nombreux, sont envoyés en plus petit nombre à

Kaltenkirchen pour y effectuer des travaux de terrassement et plus tard de

déneigement sur une base aérienne de la Luftwaffe, et dans les Kommandos

de Hambourg pour des travaux de déblaiement, de reconstruction et de creusement

de fossés antichars (plus de 70 hommes).

Les transferts vers d’autres KL sont très peu nombreux. Ils concernent pour

une partie, les prêtres et séminaristes, qui, le 22 décembre 1944, rejoignent le

Block des prêtres au KL Dachau, dans un transport composé de plus de

30 personnes. Ils sont immatriculés dans la série des 136 000. Quelques

déportés sont aussi transférés aux KL Sachsenhausen, Flossenbürg ou

Buchenwald.

Les « personnalités-otages » connaissent un parcours spécifique puisqu’ils

restent au camp central de Neuengamme avant d’être évacués vers Theresienstadt

le 12 avril 1945, puis vers le camp de Brezani (ou Breschan) le

30 avril. Hormis 11 décès à déplorer parmi ce groupe, ils sont tous libérés le

8 mai 1945.

 

 

 

Thomas Fontaine, Gérard Fournier, Guillaume Quesnée

 

 

 

~~~~~~

 

 

 

 

 

Ces pages sont extraites du :

 

 

LIVRE-MEMORIAL

des déportés de France

arrêtés par mesure de répression

et dans certains cas par mesure de persécution

1940-1945

 

 

 

Fondation pour la Mémoire de la Déportation

 

 

 

 

 

© copyright 2004 - Editions Tirésias

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