Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Contact

  • : Mémorial du wagon de la déportation
  • : Pérenniser la mémoire de la déportation par le transport ferroviaire par la réalisation d'un Mémorial devant avoir pour bases deux wagons conformes à ceux utilisés au départ de Compiègne entre 1942 et 1944. Dans le respect absolu de la vérité historique, qui n'est pas le cas actuellement.
  • Contact

Présentation

  • Gérard BOCQUERY
  • Gardien et passeur de Mémoire. Défenseur du respect de la vérité historique. Créateur et administrateur de ce site dédié à la Mémoire de la Déportation.
  • Gardien et passeur de Mémoire. Défenseur du respect de la vérité historique. Créateur et administrateur de ce site dédié à la Mémoire de la Déportation.

 

 

 

 

 

0001

 

 

La perte de la mémoire du passé est sans doute la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu'un individu. (Ferdinand LOT)

 

____________________________________

MduWeb banniere 120.60

 

 

 

Click for Compiègne, France Forecast
 
 __________________
Le contenu de ce site
est protégé par la loi

sceau1anreproduction
rigoureusement
interdite


Droits d'auteur déposés
enregistrement
n° 00047937

Copyright Gérard BOCQUERY
__________________________
 

 

 

 

.
 

Recherche

CNRD

2016-2017

CLIC ICI

 


CONVOI DE NUIT

 

PLUS JAMAIS CA !

120px-Red triangle French svg

N'OUBLIONS JAMAIS !

convoi-arriv-e-de-nuit-wagon.jpg

 

 

 

croix de lorraine le déporté

Pensez à votre référencement gratuit.

Agenda

 

 

 

 

~~~~~~

 

 

 

 

 

C N R D 

 

 

 

 


~~

 

 

 

 

 

 

 
18 juin 1940 - 18 juin 2017
18 juin de gaulle77ème anniversaire

 

______________________________

 

 

 

Convoi-du-15-mars-1943.jpgN'OUBLIONS JAMAIS !


______________________________

 

 

 

 

-

 

CONDAMNATIONS d'Alain Lorriaux & de l'Association

Mémorial du Wagon de la Déportation

 

TGI - Condamnation en derniere instance du 5 septembre 2013

 

TGI - Condamnation du 6 mai 2014

__

Derniers Articles Publiés

  • 78ème anniversaire de L'APPEL
    Commémoration dans toutes les communes de France du 78ème anniversaire de L'APPEL HISTORIQUE DU GENERAL DE GAULLE à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi. Le 19 mars 2006 a été publié au Journal Officiel n° 67 un décret instituant...
  • Bonne année 2018
    Recevez tous mes voeux de bonne année 2018
  • Congrès 2017 de l'UNADIF et de la FNDIR
    Les CONGRES NATIONAUX 2017 de l'UNADIF et de la FNDIR ont lieu du 30 juin au 3 juillet à GRENOBLE Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance
  • 77ème anniversaire de l'Appel du 18 juin 1940
    DIMANCHE 18 JUIN 2017 Commémoration dans toutes les communes de France du 77ème anniversaire de L'APPEL HISTORIQUE DU GENERAL DE GAULLE à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi. Le 19 mars 2006 a été publié au Journal Officiel n°...
  • Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation
    MESSAGE POUR LA JOURNEE NATIONALE DU SOUVENIR DES VICTIMES ET HEROS DE LA DEPORTATION DIMANCHE 30 AVRIL 2017 Comme chaque année, ce dernier dimanche d'avril est consacré à la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et Héros de la Déportation. La tragédie...
  • Congrès annuel de l'Amicale Nationale des Déportés Tatoués du Convoi du 27 avril 1944
    Philippe MARINI, Maire de Compiègne, Sénateur honoraire de l'Oise ; Joël DUPUY de MERY, Conseiller en charge des Relations avec l'Armée et les Associations patriotiques ; Danièle BESSIERE, Vice-Présidente de l'Amicale et Christophe DHAM, Vice-Président...
  • CNRD 2016-2017
    Comme chaque année, le site internet de l'UNADIF propose, aux élèves et aux enseignants, de nombreuses brochures d'aide à la préparation du concours L'épreuve individuelle (devoir sur table) aura lieu le vendredi 24 mars 2017 Rendez-vous sur le site UNADIF...
  • TRES BONNE ANNEE 2017
    Chères Amies, chers Amis, recevez mes meilleurs voeux pour l'année 2017 qui commence
  • Cérémonie au Mémorial de la France combattante
    SURESNES Dimanche 30 octobre 2016 Pas moins de 118 Drapeaux présents, lors de cette très émouvante cérémonie organisée par MEMOIRES DU MONT VALERIEN. 3 Drapeaux UNADIF-FNDIR étaient présents, 2 de l'Oise et 1 des Hauts-de-Seine. A l'année prochaine.....
  • Cérémonie à la Stèle FFI
    72ème anniversaire : Hommage aux Combattants de la Résistance tombés au cours des actions qui ont précédé la Libération de la ville de Compiègne en août 1944. Dimanche 28 août 2016 - 11 heures : Dépôt de gerbes et Appel des Morts au Monument des Résistants...

Histoire Et Evenements

Pour me contacter

3 moyens

pour me contacter :

1)- LE LIVRE D'OR est
à votre disposition
plus bas

2)- Rendez - vous plus haut, dans le module :
CONTACTEZ - MOI


3)- Vous pouvez aussi

ECRIRE UN COMMENTAIRE
 au bas de chaque article.

  ------

 

N'hésitez pas à

Inscrire vos commentaires,

remarques ou suggestions.

Prendre contact.

Poser des questions.

  Etc...

 

.

 

 

Ajoutez votre site  

 

 

 

 

____________

 

W

 

 

 

Catégories

LE LIVRE D'OR

pays des visiteurs

free counters

 

 

d'octobre 2009 à aujourd'hui

plus de 205 000 visiteurs de 147 pays

GRAND MERCI à toutes & à tous

 

 

 

-

 

 

 memorial wagon deportation
memorial wagon deportationmemorial wagon deportation arte passion
Arte Passion

---

 

 

 

MduWeb banniere 120.60 TOP DES SITES DANS LE MONDE Votez pour ce site

3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 06:30

 

Concours national

de la Résistance et de la Déportation

 

 

 

Le thème retenu pour cette année scolaire est  :

 

 

Résister par l'art et la littérature

CNRD 2015-2016

 

Comme chaque année, découvrez de très nombreuses brochures d'aide à la préparation du concours sur le site de l'UNADIF-FNDIR

 

 

Lien ci-dessous

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 16:00

 

71ème anniversaire

 

 

N'OUBLIONS PAS !

La grotte de Luire

Le 27 juillet 1944, la grotte de la Luire fut le théâtre d'une sanglante attaque lors d'un raid allemand contre le maquis du Vercors. Cette attaque se solda par le massacre des 35 maquisards blessés et l'arrestation et la déportation du personnel soignant.

 

La grotte de la Luire est située dans le massif du Vercors sur la commune de Saint-Agnan-en-Vercors dans le département de la Drôme

 

Lorsque les Allemands arrivent et commencent à envahir le Vercors, la Grotte de la Luire est choisie pour évacuer les blessés des deux hôpitaux militaires. Cette grotte est assez grande et est invisible depuis la route.

 

Fin Juillet 1944, il y a une cinquantaine de personnes (maquisards, civils, soldat américain, soldats allemands blessés, les médecins et les infirmières)

 

Le 27 juillet, un avion allemand survole la grotte et aperçoit le drapeau de la Croix-Rouge. A 16 heures 30, une infirmière voit apparaître l'uniforme d'un Allemand, puis 15 à 20 soldats. Les soldats Allemands blessés et ayant été accueillis prièrent le commandant du groupe d'épargner tout le monde car ils avaient été bien traités. En réponse, celui-ci fit défaire leurs pansements pour vérifier qu'il ne s'agit pas d'une ruse. Un Français sera ensuite tué pour avoir insulté l'officier allemand. Ensuite, les Allemands forment deux groupes : le premier comprenant les grands blessés et une infirmière : ils seront exécutés sur le terre-plein en bas de la Grotte et leurs corps seront jetés ensuite dans le ruisseau. Un autre groupe est emmené à Grenoble, où ils seront enfermés et certains exécutés. Les sept infirmières seront déportées et l'une d'elles ne reviendra pas.

 

 

Grands blessés achevés à proximité de la grotte : 14 personnes ont trouvé la mort :
AMATHIEU Marcel, Sous-lieutenant BAHR Marcel, Lieutenant CADILLAC René, CHARRAS André, EYMARD Jean, FENEYROL Roger, JEAN Charles, JULLIEN Charles, LIOZON Marc, LOCATELLI Joseph, MOULIN Gabriel, ROCQUES Georges, ROUHAUD Jean, WALPERSVYLERS Paul.

 

Blessés achevés au hameau de Rousset : 10 personnes ont trouvé la mort :
Sous-lieutenant BILLON Francis, BAIGNEUX Albert, BOURGOND René, DELVALLE Fernand, GEORGES Robert, GUERRY Roland, HERVÉ Edouard, MARINUCCI Victor, ABDESSELEM Ben AMMEO, Un inconnu.

 

Infirmières déportées à Ravensbrük : 7 personnes :
BERNHEIM Rosine, GOLDET Cécile, MALOSSANE Odette (décédée au camp), PINHAS France, ROMANA Maud, SIVETON Suzanne, WINTER Annita.

 

Fusillés au Polygone à Grenoble : 3 personnes ont trouvé la mort :
Médecin-capitaine FISCHER, Médecin-capitaine ULLMAN, Révérend-Père Yves MOREAU de MONTCHEUIL

La grotte de Luire
Partager cet article
Repost0
21 février 2015 6 21 /02 /février /2015 14:25

 

Dans le cadre des conférences d’auteurs « Les Jeudis de l’Histoire »

 

Jeudi 5 mars à14h30 : Isabelle Davion présentera

 

Le rapport Pilecki : déporté volontaire à Auschwitz 1940-1943

(Éditions Champ Vallon 2014)

 

 

 

Le rapport Pilecki : déporté volontaire à Auschwitz 1940-1943
Le rapport Pilecki : déporté volontaire à Auschwitz 1940-1943

 

Vous souhaitez en savoir +, cliquez sur le lien ci-dessous

Partager cet article
Repost0
23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 05:30
Hommage à Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion
Hommage à Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion

Hommage à Mesdames Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, Déportées-Résistantes.

 

Samedi 24 janvier 2015, à partir de 14h30, salle Clémenceau du Sénat

 

Hommage organisé par la Société des Familles et Amis des Anciennes Déportées et Internées de la Résistance (SFAADIR), présidée par Mme Claude du Granrut, secrétaire générale de l'ADIF-FNDIR de l'Oise.

 

Hommage sous la présidence de Mme Jacqueline Fleury, ancienne Déportée-Résistante, 1ère vice-présidente de la FNDIR et présidente de l'ADIF-FNDIR des Yvelines.

 

 

Renseignements auprès de : claudedugranrut@orange.fr

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 décembre 2014 5 19 /12 /décembre /2014 05:00
Jean Moulin (photo D.R.)

Jean Moulin (photo D.R.)

19 décembre 1964

 

Transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon

André Malraux - Paris, le 19 décembre 1964 (photo D.R.)

André Malraux - Paris, le 19 décembre 1964 (photo D.R.)

Discours d'André Malraux :

 

"Monsieur le Président de la République, voilà donc plus de 20 ans que Jean Moulin partit par un temps de décembre sans doute semblable à celui-ci pour être parachuté sur la terre de Provence et devenir le chef d'un peuple de la nuit.

Sans cette cérémonie, combien d'enfants de France sauraient son nom.

Il ne le retrouva lui-même que pour être tué et depuis sont nés 16 millions d'enfants.

Puissent les commémorations des deux guerres s'achever aujourd'hui par la résurrection du peuple d'ombres que cet homme anima, qu'il symbolise et qu'il fait entrer ici comme une humble garde solennelle autour de son corps de mort.

Après 20 ans, la Résistance est devenue un monde de limbes où la légende se mêle à l'organisation.

Le sentiment profond, organique, millénaire, qui a pris depuis son action légendaire, voici comment je l'ai rencontré.

Dans un village de Corrèze, les Allemands avaient tué des combattants du maquis, et donnaient ordre au maire de les faire enterrer en secret à l'aube.

Il est d'usage dans cette région que chaque femme assiste aux obsèques de tout mort de son village en se tenant sur la tombe de sa propre famille.

Nul ne connaissait ces morts qui étaient des Alsaciens.

Quand ils atteignirent le cimetière, portés par nos paysans sous la garde menaçante des mitraillettes allemandes, la nuit qui se retirait comme la mer, laissa paraître les femmes noires de Corrèze, immobiles du haut en bas de la montagne et attendant en silence chacune sur la tombe des siens, l'ensevelissement des morts français.

Ce sentiment qui appelle la légende sans lequel la Résistance n'eut jamais existé et qui nous réunit aujourd'hui, c'est peut-être simplement l'accent invincible de la fraternité.

Comment organiser cette fraternité pour en faire un combat ?

On sait ce que Jean Moulin pensait de la Résistance au moment où il partit pour Londres, il serait fou et criminel de ne pas utiliser, dit-il, en cas d'action alliée sur le continent, ces troupes prêtes au sacrifice les plus grands, éparses et anarchiques aujourd'hui mais pouvant constituer demain une armée cohérente de parachutistes déjà en place, connaissant les lieux, ayant choisi leurs adversaires et déterminé leur objectif.

C'était bien l'opinion du Général de Gaulle, néanmoins lorsque le 1er janvier 1942, Jean Moulin fut parachuté en France, la Résistance n'était encore qu'un désordre de courage, une presse clandestine, une source d'information, une conspiration pour rassembler ces troupes qui n'existaient pas encore.

Or ces informations étaient destinées à tel ou tel allié, ces troupes se lèveraient lorsque les alliés débarqueraient.

Certes, les résistants étaient des combattants fidèles aux alliés mais ils voulaient cesser d'être des Français résistants et devenir la Résistance française.

C'est pourquoi Jean Moulin est allé à Londres, pas seulement parce que s'y trouvaient des combattants français qui eussent put naître qu'une légion, pas seulement parce qu'une partie de l'Empire avait rallié la France libre.

S'ils venaient demander au Général de Gaulle de l'argent et des armes, ils venaient aussi lui demander, je cite : «Une approbation morale des liaisons fréquentes, rapides et sûres avec lui.»

Le Général assumait le non du premier jour, le maintien du combat quel qu'en fut le lieu, quelle qu'en fut la forme.

Enfin, le destin de la France, la force des appels de juin tenaient moins aux forces immenses qu'il n'avait pas encore données car il faut que la France soit présente à la victoire, alors elle retrouvera sa liberté et sa grandeur.

La France et non telle légion de combattants français.

C'était par la France libre que les résistants de Bir Hakeim se conjuguaient, formaient une France combattante restée au combat.

Chaque groupe de résistants pouvait se légitimer par l'allié qu'il armait et le soutenait, voire par son seul courage.

Le Général de Gaulle seul pouvait appeler les mouvements de résistance à l'union entre eux et avec tous les autres combats car c'était à travers lui seul que la France livrait un seul combat.

C'est pourquoi, même lorsque le Président Roosevelt croira assister à une rivalité de généraux ou de parties, l'armée d'Afrique depuis la Provence jusqu'aux Vosges combattra au nom du Gaullisme comme feront les troupes du parti communiste.

C'est pourquoi Jean Moulin avait emporté dans le double fond d'une boîte d'allumettes, la micro photo du très simple ordre suivant : «M. Moulin a pour mission de réaliser dans la zone non directement occupée de la métropole, l'unité d'action de tous les éléments qui résistent à l'ennemi et à ses collaborateurs.»

Inépuisablement, il montre au chef des groupements le danger qu'entraînerait le déchirement de la Résistance entre des tuteurs différents.

Chaque évènement capital, entrée en guerre de la Russie puis des Etats-Unis, débarquement en Afrique du Nord, renforce sa position.

A partir du débarquement, il devient évident que la France va redevenir un théâtre d'opération.

Mais la presse clandestine, les renseignements même enrichis par l'action du noyautage des administrations publiques, sont à l'échelle de l'occupation, non de la guerre.

Si la Résistance sait qu'elle ne délivrera pas la France sans les alliés, elle n'ignore plus l'aide militaire que son unité pourrait leur apporter.

Elle a peu à peu appris que s'il est relativement facile de faire sauter un pont, il n'est pas moins facile de le réparer.

Alors que s'il est facile à la Résistance de faire sauter 200 ponts, il est difficile aux Allemands de les réparer à la fois.

En un mot, elle sait qu'une aide efficace aux armées de débarquement est inséparable d'un plan d'ensemble, il faut que sur toutes les routes, sur toutes les voies ferrées de France, les combattants clandestins désorganisent méthodiquement la concentration des divisions cuirassées allemandes.

Et un tel plan d'ensemble ne peut être conçu et exécuté que par l'unité de la Résistance.

C'est à quoi Jean Moulin s'emploie jour après jour, peine après peine, un mouvement de résistant après l'autre.

Et maintenant, essayons de calmer les colères d'en face.

Il y a inévitablement les problèmes de personnes et bien davantage, la misère de la France combattante.

L'exaspérante certitude pour chaque maquis ou chaque groupe franc, d'être spolié aux bénéfices d'un autre maquis ou d'un autre groupe qu'indignent au même moment les mêmes illusions.

Qui donc sait encore ce qu'il fallut d'acharnement pour parler le même langage à des instituteurs radicaux ou réactionnaires, des officiers réactionnaires ou libéraux, des trotskistes ou communistes retournent à Moscou, tous promis à la même délivrance ou à la même prison.

Ce qu'il fallut de rigueur à un ami de la République espagnole, à un ancien préfet radical chassé par Vichy, pour exiger d'accueillir dans le combat commun tels rescapés de la cagoule.

Jean Moulin n'a nul besoin d'une gloire usurpée, ce n'est pas lui qui a crée le combat, libération, franc-tireur, c'est Frenay, d'Astier, Jean-Pierre Lévy.

Ce n'est pas lui qui a créé les nombreux mouvements de la zone Nord dont l'Histoire recueillera tous les noms, ce n'est pas lui qui a fait les régiments mais c'est lui qui a fait l'armée, il a été le Carnot de la Résistance.

Attribuer peu d'importance aux opinions dites politiques lorsque la Nation est en péril de mort.

La Nation, non pas un nationalisme alors écrasé sous les chars hitlériens mais la donnée, invincible et mystérieuse qui allait emplir le ciel.

Penser qu'elle dominerait bientôt les doctrines totalitaires dont retentissait l'Europe.

Voir dans l'unité de la Résistance le moyen capital du combat pour l'unité de la Nation, c'était peut-être affirmer ce qu'on a depuis appelé le Gaullisme.

C'était certainement proclamer la survie de la France.

En février, ce laïc passionné avait rétabli sa liaison par radio avec Londres dans le grenier d'un presbytère.

En avril, le service d'information et de propagande puis le comité général d'étude étaient formés.

En septembre, le NAP.

Enfin, le Général de Gaulle décidait la création d'un comité de coordination que présiderait Jean Moulin, assisté du Chef de l'armée secrète unifiée.

La préhistoire avait pris fin.

Coordinateur de la Résistance en zone Sud, Jean Moulin en devenait le chef.

En janvier 1943, le Comité directeur des mouvements unis de la résistance était crée sur sa présidence.

En février, il repartait pour Londres avec le Général Delestraint, Chef de l'armée secrète et Jacques d'Alsace.

De ce séjour, le témoignage le plus émouvant a été donné par le Colonel Passy : «Je revois Moulin, blême, saisi par l'émotion qui nous étreignait tous, se tenant à quelques pas devant le Général et celui-ci, disant presque à voix basse, «mettez-vous au garde à vous», puis «nous vous reconnaissons comme notre compagnon pour la libération de la France dans l'honneur et par la victoire.»

Et pendant que De Gaulle lui donnait l'accolade, une larme lourde de reconnaissance, de fierté, de farouche volonté, coulait doucement le long de la joue pâle de notre camarade Moulin.

Comme il avait la tête levée, nous pouvions voir encore au travers de sa gorge les traces du coup de rasoir qu'il s'était donné en 1940 pour éviter de céder sous les tortures de l'ennemi.

Les tortures de l'ennemi, en mars, chargé de constituer et de présider le Conseil national de la Résistance, Jean Moulin monte dans l'avion qui va le parachuter au Nord de Roanne.

Ce Conseil national qui groupe les mouvements, les partis et les syndicats de toute la France, c'est l'unité précairement conquise mais aussi la certitude qu'au jour du débarquement, l'armée en haillons de la Résistance attendra les divisions blindées de la libération.

Jean Moulin retrouve les membres qu'il rassemblera si difficilement.

Il retrouve aussi une résistance tragiquement transformée.

Celle-là, elle avait combattu comme une armée, en face de la victoire, de la mort ou de la captivité.

Elle commence à découvrir l'univers concentrationnaire, la certitude de la torture.

Désormais, elle va combattre en face de l'enfer.

Ayant reçu un rapport sur les camps de concentration, il dit : «J'espère qu'ils nous fusilleront avant.»

Ils ne devaient pas avoir besoin de le fusiller.

La Résistance grandit, les réfractaires du travail obligatoire vont bientôt emplir les maquis.

La Gestapo grandit aussi, la milice est partout.

C'est le temps où dans la campagne, nous interrogeons les aboiements des chiens au fond de la nuit.

Le temps où les parachutes multicolores chargés d'armes et de cigarettes tombent du ciel dans la lueur des feux, des clairières ou des Causses.

C'est le temps des caves et de ces cris désespérés que poussent les torturés avec des voix d'enfant.

La grande lutte des ténèbres a commencé.

Le 27 mai, a lieu à Paris, rue du Four, la première réunion du CNR.

Jean Moulin rappelle les buts de la France Libre, faire la guerre, rendre la parole au peuple français, rétablir les libertés républicaines, travailler avec les alliés à l'établissement d'une collaboration internationale.

Puis il donne une lecture d'un message du Général de Gaulle qui fixe pour premier but au premier conseil de la Résistance, le maintien de l'unité de cette résistance qu'il représente.

Au péril quotidien de la vie de chacun de ses membres.

Le 9 juin, le Général Delestraint, Chef de l'armée secrète enfin unifiée est pris à Paris.

Aucun successeur ne s'impose.

Ce qui est fréquent dans la clandestinité.

Jean Moulin aura dit maintes fois avant l'arrivée de Sérreules : «Si j'étais pris, je n'aurais même pas le temps de mettre un adjoint au courant.»

Il veut donc désigner ce successeur avec l'accord des mouvements, notamment de ceux de la zone Sud.

Il rencontrera leurs délégués le 21 à Caluire, ils l'y attendent en effet.

La Gestapo aussi.

La trahison joue son rôle et le destin qui veut qu'aux trois-quarts d'heure de retard de Jean Moulin, presque toujours ponctuel, corresponde un long retard de la police allemande.

Assez vite, celle-ci apprend qu'elle tient le chef de la résistance.

En vain.

Le jour où au Fort Montluc à Lyon, après l'avoir fait torturé, l'agent de la Gestapo lui tend de quoi écrire puisqu'il ne peut plus parler.

Jean Moulin dessine la caricature de son bourreau.

Pour la terrible suite, écoutons seulement les mots si simples de sa soeur : «Son rôle est joué et son calvaire commence. Bafoué, sauvagement frappé, la tête en sang, les organes éclatés. Il atteint les limites de la souffrance humaine sans jamais trahir un seul secret, lui qui les savait tous.»

Comprenons bien que pendant les quelques jours où il pourrait encore parler ou écrire, le destin de la Résistance est suspendu au courage de cet homme.

Comme le dit Mademoiselle Moulin : «Il savait tout».

Georges Bidault prendra sa succession mais voici la victoire de ce silence atrocement payé.

Le destin bascule.

Chef de la Résistance, martyrisé dans des caves hideuses, regarde de tes yeux disparus toutes ces femmes noires qui veillent nos compagnons, elles portent le deuil de la France et le tien.

Regarde glisser sous les chênes nains du Quercy avec un drapeau fait de mousseline nouée, les maquis que la Gestapo ne trouvera jamais parce qu'elle ne croit qu'aux grands arbres.

Regarde le prisonnier qui entre dans une villa luxueuse et se demande pourquoi on lui donne une salle de bain, il n'a pas encore entendu parler de la baignoire.

Comme Leclerc entra aux Invalides avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique.

Entre ici Jean Moulin, avec ton terrible cortège.

Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé comme toi et même ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé.

Avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de «Nuit et brouillard», enfin tombé sous les crosses.

Avec les 8000 Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres.

Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle, nos frères dans l'ordre de la nuit.

Commémorons l'anniversaire de la Libération de Paris.

Je disais : «Ecoute ce soir, jeunesse de mon pays, les cloches d'anniversaire qui sonneront comme celles d'il y a 14 ans, puissent tous cette fois les entendre, elles vont sonner pour toi.»

L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le champ qui va s'élever maintenant.

Ce chant des partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité.

Puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et des bois d'Alsace, mêlé aux cris perdus des moutons des tabors quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Runstedt, lancés de nouveau contre Strasbourg.

Ecoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le chant du malheur.

C'est la marche funèbre des cendres que voici.

A côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec Les Misérables, de celle de Jaurès veillées par la justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées.

Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé.

Ce jour là, elle était le visage de la France".

Le Panthéon - Paris, le 19 décembre 1964, Pierre Messmer, le général Charles de Gaulle, Georges Pompidou et André Malraux (photo D.R.)

Le Panthéon - Paris, le 19 décembre 1964, Pierre Messmer, le général Charles de Gaulle, Georges Pompidou et André Malraux (photo D.R.)

Source : UNADIF-FNDIR

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 10:00
Jusqu'au bout de la résistance

Un beau cadeau à l'occasion des Fêtes de Noël et de Fin d'année



L'ouvrage UNADIF-FNDIR de Bernard Fillaire “JUSQU’AU BOUT DE LA RÉSISTANCE” est le cadeau idéal pour vos familles, vos proches et vos amis mais aussi pour récompenser les lauréats du Concours national de la Résistance et de la Déportation.

L'originalité du livre est dans la succession des témoignages des rescapés classés dans l’ordre chronologique des épreuves qu’ils ont dû subir à la suite de leur engagement dans la Résistance.

Les 25 chapitres se succèdent, depuis « Les racines de la Résistance » jusqu’ « Après les retours», en passant par toutes les phases de leur calvaire et la présence constante de la mort, de toutes les formes de l’élimination physique et de la dégradation morale.

33 annexes qui sont autant de témoignages inédits viennent compléter l’ouvrage.

Format : 155 X 240 mm - 515 pages



En savoir plus :

BON de COMMANDE et TOUTES LES PUBLICATIONS UNADIF-FNDIR sur :

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 05:30
Les archives numérisées de la police sous l'Occupation bientôt accessibles

La Préfecture de police a annoncé en 2010 le lancement de la numérisation des archives de la police sous le Régime de Vichy. Procès verbaux, lettres de délation, interrogatoires… Autant de documents qui seront par la suite accessibles au grand public.

La liste de ces documents semble sans fin : ce sont près de 2 millions de lettres, procès-verbaux, rapports et manuscrits, rangés sur plus de 12 kilomètres de rayonnages qui doivent être numérisés.

Auparavant disponibles uniquement aux historiens et aux chercheurs sur demande écrite, ces documents de la Seconde Guerre mondiale ont jusqu’ici été protégés par la loi, pour une durée de 75 ans. A l'expiration du délai, soit entre 2015 et 2019 selon le type de document, chaque citoyen pourra y avoir librement accès. Les documents vont être progressivement numérisés, et ce jusqu’en 2019-2020.

Toutefois, avant d’être accessibles, le Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC) doit effectuer un travail de sauvegarde de ces tristes vestiges. Écrits sur des papiers de très mauvaise qualité, ils sont particulièrement fragiles. Le SMAC fait donc appel aux techniques de numérisation les plus sophistiquées actuellement disponibles. Un scanner de très haut niveau est utilisé.

Pourquoi a-t-il fallu attendre 75 ans ? La réponse : les noms des familles.

En effet, chaque document, témoignant de la traque des minorités, notamment des Résistants, des Juifs, des communistes et franc-maçons, les rapports de filatures, les lettres de délation, les procès-verbaux d’interrogatoires ont soigneusement été répertoriés par les anciennes Brigades Spéciales.

A la sortie de la guerre, le gouvernement français avait jugé bon d’établir un « délai de sérénité », sensé éviter un déchaînement de représailles auprès des intéressés, et potentiellement de leurs familles.

Les documents déjà numérisés seront accessibles pour certains (année 1940) en 2015. Le délai de 75 ans étant atteint.

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 13:00

 

«Avoir les jetons», «No man's land», «Limoger» : tout un vocabulaire est né de la Grande Guerre, témoin de ce qu'ont vécu les millions de Poilus dans l'enfer du front. Le Figaro en a décortiqué quelques perles.

 

 

Les tranchées de la guerre 14-18 sont devenues, au fil des années, un creuset linguistique. Des hommes de tout âge, issus de milieux socio-culturels et de régions très disparates ont chacun, à leur manière, apporté une pierre à cet édifice linguistique. Régionalismes, langues étrangères ou jargons de tous les métiers ont façonné une langue que des millions de combattants ont utilisée dans l'enfer des tranchées.

 

Un langage représentatif de cette période qui porte les stigmates de conditions de vie difficiles, des corps éprouvés par le froid, la crasse et la faim. Derrière les termes universitaires, tels que dérivation, évolution sémantique ou procédés linguistiques, suinte la force vitale des désespérés. Avec le concours de Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale du Robert, Le Figaro en a décrypté quelques exemples, dont certains ont été repris dans la littérature classique.

 

● Limoger

La dérivation est un procédé de création très commun. Elle peut se faire à partir d'un nom propre. C'est l'origine du verbe limoger apparu en 1916, d'abord terme argotique de l'administration militaire. C'est en effet à Limoges que le maréchal Joseph Joffre envoya les officiers d'état-major, jugés incapables, qui furent relevés de leurs fonctions au début de la guerre. Correspondant initialement à une punition, ce mot désignera par la suite une mesure de disgrâce, une mise à l'écart.

 

● Le bourdon

La métaphore est à l'œuvre pour caractériser les idées sombres qui étreignent les soldats. Ainsi apparaît, en 1915, l'expression «avoir le bourdon», née du rapprochement avec l'insecte, en référence à sa couleur sombre et au son grave qu'il émet lorsqu'il vole. La locution «avoir le cafard» découle du même processus.

 

● Avoir les chocottes

L'expression de la peur, émotion omniprésente au front, passe par le corps et les manifestations physiques de l'effroi. Ces expressions familières renvoient aux dents qui claquent, origine possible de chocottes (1916 ; les dents se choquent) et avoir les grelots (1915), ou aux intestins qui lâchent: «avoir les jetons» (1916 ; peut-être d'un sens de jeter «déféquer»). Il en va de même pour la locution «avoir la pétoche», apparue en 1918, issue de la famille de pet, dans le prolongement de péteux «lâche, poltron».

Blaise Cendrars, dans La Main coupée a écrit: «— Je vous avais dit de faire des prisonniers. Et alors?… où sont-ils?… — Mais, mon capitaine… — Je vois ce que c'est, vous avez la tremblote… — Nous n'avons pas la pétoche, mais nous sommes comme des harengs dans la saumure. On ne peut pas bouger.»

 

● Q.G

Le besoin de communiquer rapidement et efficacement passe par différents procédés d'abrègement. En 1916, le quartier général, centre de décision, devient le «QG» et les dures conditions de vie dans les tranchées voient fleurir «le système D », né de débrouille. Le «jour J » comme «l'heure H » apparaissent en 1917 et font référence aux moments choisis pour lancer une attaque.

On peut lire dans Le Feu d'Henri Barbusse : «L'adjudant commandant le détachement de territoriaux qui fait les corvées au Q. G. du C. A. — Au quoi? — Au quartier général du corps d'armée (…)»

 

● No man's land

Le contact entre troupes alliées sur le front est l'occasion d'échanges linguistiques. Ainsi, en 1916, le territoire neutre mais dangereux situé entre les premières lignes des armées ennemies reçoit le nom de no man's land, littéralement «terrain n'appartenant à personne» en anglais. Ce terme s'impose rapidement mais il reste peu répandu parmi les combattants qui lui préfèrent un autre emprunt, bled (1916). Ce mot d'origine arabe désigne en argot militaire un terrain nu, une étendue désolée et sauvage ; il est popularisé par les troupes servant en Algérie.

 

● Maxillofacial

Les sciences recourent fréquemment à la formation de mots savants à partir de racines gréco-latines. La chirurgie réparatrice doit mettre au point des techniques pour secourir les «gueules cassées», à la face ravagée. Ces graves blessures du visage sont à l'origine des débuts de la chirurgie maxillofaciale (1917).

Marc Dugain, La Chambre des officiers : «— Pour tout dire, lieutenant, je suis dans l'attente de matériaux nécessaires à la reconstitution de votre maxillaire supérieur, et en particulier de votre palais qui, vous le savez, fait défaut. Pour cela, je ne vois pas d'autre méthode qu'une greffe osseuse. J'envisage de vous greffer des os humains.»

 

 

 

Source : Aurélia Vertaldi - Le Figaro.fr - 11 novembre 2014

Clémenceau "Le Tigre" dans une tranchée en 1917. Source photo Archives/AFP

Clémenceau "Le Tigre" dans une tranchée en 1917. Source photo Archives/AFP

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 20:00

Héros de la Première Guerre mondiale, le soldat de 2ème classe, Albert Roche est décoré de la Croix de la Légion d'honneur et présenté comme le premier soldat de France par le général Ferdinand Foch.



Novembre 1918 : la guerre, enfin, est terminée. Oubliées les craintes, les souffrances et les restrictions, terminé le régime allemand ; après 47 ans, l'Alsace redevient française. Le cœur est à la fête et ils sont des milliers à défiler dans les rues de Strasbourg, à chanter La Marseillaise et à acclamer le général Foch au pied de l'hôtel de ville.

Coiffé de son képi, le général apparaît au balcon de l’hôtel de ville, ce 27 novembre 1918. La foule en délire scande son nom : « Foch ! Foch ! Vive Foch ! » Le général salue la foule, retourne à l'intérieur, puis revient en compagnie d'un modeste soldat de deuxième classe.

 

D'un geste, Foch exige le silence et présente l'individu épinglé de la Croix de la Légion d'honneur : « Alsaciens, je vous présente votre libérateur Albert Roche, le premier soldat de France ! »

 

Albert ROCHE et le Général Ferdinand FOCH à Strasbourg, le 27 novembre 1918   -   Albert ROCHE, Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de guerre avec douze citations (photos D.R.)
Albert ROCHE et le Général Ferdinand FOCH à Strasbourg, le 27 novembre 1918   -   Albert ROCHE, Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de guerre avec douze citations (photos D.R.)

Albert ROCHE et le Général Ferdinand FOCH à Strasbourg, le 27 novembre 1918 - Albert ROCHE, Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de guerre avec douze citations (photos D.R.)

 


Mais qui est ce jeune homme ? Qu'a-t-il fait pour mériter tant d'honneur, et ce titre enviable de «premier soldat de France»?



L’Armée ne veut pas d'Albert Roche

Né le 5 mars 1895 à Réauville, dans l'arrondissement de Montélimar, Albert Séverin Roche est issu d'une famille nombreuse de cultivateurs. En 1913, il a 18 ans lorsqu'il se présente au conseil de révision. Mais la déception est à la hauteur de la réponse : jugé trop chétif, il est refusé.

À la déclaration de la guerre, en août 1914, il décide toutefois de s'engager. Malgré le refus de son père, qui préfère l'avoir à ses côtés pour les travaux des champs. Mais le jeune homme veut servir son pays et « faire la guerre » aux Boches. Il quitte donc le village de nuit, direction le camp d'Alban : là, parait-il, ils acceptent les volontaires. De fait, on l'accepte. Mais seconde déception : mal aimé et mal noté, le jeune homme ne connaît de la guerre que les quatre murs du camp d'instruction. Roche enrage. Il se sauve. On le rattrape et c'est la prison. Rien ne laisse alors présager l'avenir militaire radieux qu'on lui connaît à l'issue de la guerre.

 

Albert Roche, le chasseur aux 9 blessures et aux 1180 prisonniers

En prison, le « déserteur » réclame sa mutation au front. Finalement, n'est-ce pas le sort réservé aux mauvais soldats : les envoyer au front se faire tuer ? L'officier accepte et Roche obtient enfin ce qu’il voulait, en octobre 1914, il est affecté au 30ème bataillon de Chasseurs à pied, puis, en juillet 1915, il rejoint le 27e bataillon engagé sur l'Aisne. Là, Roche va faire la guerre à sa manière.

Envoyé dans le camp ennemi avec deux camarades pour détruire un nid de mitrailleuses, le jeune Roche laisse tomber une poignée de grenades dans le tuyau de cheminée du poêle avec lequel les Allemands se chauffent. L'explosion fait plusieurs morts, et les blessés se rendent facilement, croyant être attaqués par un bataillon entier. Roche revient avec huit prisonniers et les mitrailleuses allemandes. Un acte audacieux qui impose vite le respect au sein du bataillon : Roche n'est plus le « mal-aimé ».

À lui tout seul, Roche défend une tranchée de Sudel, en Alsace : toute sa section a été fauchée, tous ses camarades sont morts. Il met alors en batterie leurs « Lebels » sur toute la ligne en passant d'un fusil à l'autre ; il charge, tire, recharge, tire encore. La ruse réussit, les Allemands imaginant la tranchée solidement tenue, ils se replient.

Quelques mois plus tard, un nouvel acte de bravoure et d'audace : capturé avec son lieutenant blessé, Albert Roche saute sur l'officier qui l'interroge, le braque avec son propre revolver et tient en joue les autres gardiens allemands. Ce jour-là, il revient avec son lieutenant sur le dos, Albert Roche a fait 42 prisonniers.

À coups de feu, d'audace et de bluff, « celui-dont-on-ne-voulait-pas » aura fait quelques 1180 prisonniers durant la Grande Guerre.

 

 

Albert Roche envoyé au peloton d'exécution pour abandon de poste

Au Chemin des Dames, le capitaine du bataillon est grièvement blessé entre les lignes. N'écoutant que son courage, Roche vole à son secours et rampe près de six heures pour le retrouver, et quatre heures encore pour le ramener. Il le confie aux brancardiers : le capitaine a perdu connaissance, et Roche, épuisé, s'endort dans un trou de guetteur.
Réveillé par une patrouille commandée par un lieutenant français, il est immédiatement arrêté pour « abandon de poste : exécution dans les 24 heures ». Roche ne peut s'expliquer, il n'a aucun témoin, et en période de mutineries les procès vont vite, trop vite. Conduit dans une tranchée pour y être fusillé, une estafette envoyée par le capitaine sauvé, qui est sorti du coma, vient au secours du valeureux soldat. De plus, son capitaine le propose pour la Médaille militaire.
De là, la légende d'Albert Roche est née et fait le tour de France.

 



Albert Roche, un combattant décoré

Au cours des combats, Albert Roche est blessé à neuf reprises. À chaque fois, il refuse d’être envoyé à l’arrière pour y être soigné. Un jour il s’opère lui-même pour s’extraire une balle.

Chevalier puis Officier de la Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de guerre avec douze citations dont quatre à l’ordre de l’Armée, Croix du combattant volontaire, Albert Roche finit la guerre couvert de décorations.

Albert Roche avait sa part d’ombre, mais il connut aussi de rares moments dans la lumière. En 1920, il fait partie des onze braves qui désignent le Soldat Inconnu et il est un des huit combattants qui portent le cercueil jusqu’à l’Arc de Triomphe. En 1925, il fait partie aussi de la maigre délégation française invitée à la table du roi Georges V d’Angleterre lors des obsèques du maréchal Lord French.

 

 

Albert Roche, un héros oublié

 

Après la guerre, Albert Roche rentre dans sa région, à Réauville où il épouse une fille de Colonzelle, village voisin du sien et travaille comme cartonnier.

Albert Roche a participé aux cérémonies les plus grandioses, côtoyé les plus grands, accompagné la dépouille du Soldat inconnu à Paris et mangé à la table du roi d'Angleterre.

Il décédera le 15 avril 1939, à l'âge de 44 ans, fauché par une voiture alors qu'il descend du car qui le ramène de la cartonnerie. Comme l'écrit l'historien Pierre Miquel dans La Grande Guerre au jour le jour, aux Éditions Pluriel : « Cet homme avait traversé quatre ans de guerre, il avait été neuf fois blessé, il avait mille fois frôlé la mort, il avait bien failli être injustement fusillé comme mutin. Il avait échappé à tous les dangers, à tous les accidents. Il se fait tuer vingt ans plus tard, en rentrant chez lui, à la descente de l'autocar ».

 

 

Aujourd'hui, son nom n'est pas de ceux que l'on enseigne ou que l'on retrouve dans les livres d'histoire et les dictionnaires. Victime du temps qui lui préfère les grands – ceux qui ont modelé le siècle – seul un buste au parvis de sa demeure natale évoque celui qui fut – et restera – le « premier soldat de France ».

 

 

Source texte : encyclopédie wikipédia - Georges Bourquard, ledauphine.com - Maurice Bourdon, suite101.fr

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 10:00
Portrait de Louise de Bettignies. Source : archives départementales du Nord

Portrait de Louise de Bettignies. Source : archives départementales du Nord

 

Pendant la Grande Guerre, le mot « résistant » ne fut jamais employé en tant que substantif, contrairement à ce qui se passa pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour désigner les personnes qui, entre 1914 et 1918, s’opposent à l’occupation allemande, c’est le terme ancien d’« espion » qui est utilisé.



Ce sont des renseignements précis sur le dispositif allemand que recherchent prioritairement les Alliés. Ils s’attachent, pour cela, à recruter dans les régions occupées, des agents susceptibles de recueillir et de transmettre des informations fiables. C’est à Folkestone qu’est installé le Bureau interallié de renseignements sous la conduite d’un officier britannique, le Major Cecil Aylmer-Cameron. Il dispose des données fournies par les 2e Bureaux français et belge. Il faut attendre cependant mars 1918, lorsque le général Foch est nommé Généralissime de toutes les armées alliées, pour que le Bureau de Folkestone devienne l’organisme coordinateur unique de tous les services de renseignement alliés. Pour assurer les liaisons entre les territoires occupés et les secteurs sous contrôle allié, les réseaux utilisent essentiellement des pigeons-voyageurs. L’interception de certains d’entre eux provoquera le démantèlement de plusieurs organisations. Le Bureau de Folkestone supervise deux antennes hors du Royaume-Uni : l’une est à Rotterdam, dans les Pays-Bas neutres, l’autre à Montreuil-sur-Mer, à l’arrière du front.

 

C’est à Saint-Omer, où se trouve, jusqu’en 1916, le quartier-général britannique du général French, que les services de renseignement contactent, pour la première fois, une jeune femme, originaire du Nord, Louise de Bettignies. Elle diffuse, depuis le début de l’Occupation, des messages de Lillois, soumis au joug allemand, à leurs compatriotes demeurés libres. Louise de Bettignies est née à Saint-Amand-les-Eaux en 1880, dans une famille aristocratique mais dépourvue de fortune. Après ses études au lycée de Valenciennes, elle devient préceptrice dans de grandes familles, dans plusieurs pays européens. C’est une jeune femme moderne, qui parle couramment l’anglais, l’allemand, l’italien et se débrouille en russe, en tchèque et en espagnol. Dans les premiers mois de la guerre, après l’arrivée des Allemands à Lille où elle résidait, elle s’est réfugiée à Saint-Omer, et a travaillé à soigner les blessés. Initialement abordée par le 2e Bureau français, elle préfère s’engager au sein de l’Intelligence Service. Elle suit une formation approfondie en Angleterre, au cours de laquelle on lui apprend l’emploi des codes, la manière de dresser des plans, les méthodes pour collecter et transmettre les informations. Elle prend dès lors le pseudonyme d’Alice Dubois.



Louise de Bettignies est infiltrée en Belgique et reçoit un emploi de couverture dans une société néerlandaise, la Compagnie des Céréales de Flessingue. Sa mission essentielle est d’identifier les mouvements de troupes allemandes dans la région lilloise, plaque tournante principale de l’armée allemande dans cette partie du front ouest. Au printemps 1915, le réseau « Alice » regroupe 80 personnes, des hommes et des femmes, de toutes conditions sociales. Ils surveillent les trains, repèrent les emplacements des batteries de canons, des dépôts de munitions, les résidences des états-majors, assurent le passage de soldats alliés vers les Pays-Bas. Le réseau bénéficie des compétences d’un belge de Mouscron, De Geyter, propriétaire d’un laboratoire de chimie industrielle, qui réalise les faux papiers. Des « courriers » assurent la transmission des renseignements, au plus vite, vers la Hollande. Le réseau Alice compte bientôt 80 personnes dans la région de Lille-Roubaix-Tourcoing, le plus souvent des employés des chemins de fer ou des postes, des voituriers, toutes personnes amenées à se déplacer ou alors des personnes habituées au secret professionnel ou confessionnel, comme des médecins ou des prêtres. Elle s’associe au printemps 1915, à Marie-Léonie Vanhoutte qui se fait appeler « Charlotte Lameron ». A l’été 1915, elles étendent leur service au secteur de Cambrai-Valenciennes-Saint-Quentin.

 

Les Allemands ont d’emblée pris des mesures répressives brutales pour empêcher le développement des activités d’espionnage. Il y aura, sur l’ensemble de la guerre, 21 condamnations à mort dans le Nord et de multiples peines de prison et de travaux forcés.



Parmi les principales victimes se trouve un jeune étudiant, Léon Trulin, qui avait organisé un petit réseau de renseignement, « Léon 143 », rattaché au réseau Alice. Il est fusillé le 8 novembre 1915 dans les fossés de la citadelle de Lille, à l’âge de 18 ans. Né à Ath, en Belgique, le 2 juin 1897, Léon Trulin s’est établi, avec sa famille, à La Madeleine-lez-Lille, en 1902. Dans les premières semaines de la Grande Guerre, après l’invasion allemande, il se rend en Angleterre pour s’engager dans l’armée belge, mais est refusé en raison de son jeune âge. Il se tourne vers les Britanniques. Ceux-ci lui proposent de retourner en territoire occupé pour créer une organisation de renseignement. Celle-ci se développe dans les premiers mois de l’année 1915. Trulin est aidé par d’autres jeunes gens : Raymond Derain (18 ans), Marcel Gotti (15 ans), André Herman (18 ans), Marcel Lemaire (17 ans) et Lucien Deswaf (18 ans). Il assure lui-même la transmission des documents vers la Hollande. Il est arrêté dans la nuit du 3 au 4 octobre 1915, près d’Anvers : dans son portefeuille, plusieurs rapports, des photographies et des plans d’installations militaires allemandes. Il est condamné à mort pour « espionnage ». En septembre 1919, Léon Trulin sera attributaire, à titre posthume, de la Croix de guerre britannique et sera fait, le 30 janvier 1920, Chevalier dans l’Ordre de l’Empire Britannique.



Louise de Bettignies, qui franchissait chaque semaine la frontière belgo-hollandaise pour transmettre ses rapports au service anglais, fait l’objet d’une recherche intensive par le contre-espionnage allemand. Elle tombe dans une souricière, le 20 octobre 1915, à Froyennes, près de Tournai. Détenue à la prison Saint-Gilles de Bruxelles, elle est, le 19 mars 1916, condamnée à mort. Or, cette peine est prononcée alors qu’une puissante campagne internationale est en cours pour protester contre les exécutions, à Bruxelles, de l’infirmière britannique Edith Cavell et de la résistante belge Gabrielle Petit. Louise de Bettignies est graciée par le gouverneur Bissing et voit sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité. Le 21 avril 1916, elle est emprisonnée à la forteresse de Sieburg. Cependant, sa notoriété et son prestige sont déjà considérables en France et en Grande-Bretagne. La veille de son arrivée à Sieburg, elle a été citée à l’ordre de l’armée française par le général Joffre.

 

Victime de mauvaises conditions de détention – elle a été mise au cachot pour avoir incité ses co-détenues à refuser de travailler pour les Allemands –, Louise de Bettignies meurt à l’hôpital Sainte-Marie de Cologne le 27 septembre 1918, des suites d’une pleurésie mal soignée. Son corps sera transféré à Lille en mars 1920 où des funérailles solennelles seront organisées. Louise de Bettignies est inhumée à Saint-Amand-les-Eaux, sa ville natale. La croix de bois que les Allemands mirent sur sa tombe, à Cologne, est, depuis 1994, présentée dans une vitrine dans la basilique de Notre-Dame-de-Lorette.

 



Plusieurs monuments évoquent, à Lille, la mémoire des « Résistants » de la Grande Guerre :
- la statue de Louise de Bettignies, Boulevard Carnot,
- la statue de Léon Trulin, située au début de la rue qui porte son nom, à deux pas de l’Opéra,
- le Monument des fusillés lillois montrant l’exécution des membres du « Comité Jacquet », à l’entrée de l’Esplanade.



Yves LE MANER,
Directeur de La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais

 

 

Source : site internet externe : http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/

Résistance : le réseau Alice, Louise de Bettignies
Partager cet article
Repost0