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Pérenniser la mémoire de la déportation par le transport ferroviaire par la réalisation d'un Mémorial devant avoir pour bases deux wagons conformes à ceux utilisés au départ de Compiègne entre 1942 et 1944. Dans le respect absolu de la vérité historique, qui n'est pas le cas actuellement.

CONVOI du 03 SEPTEMBRE 1943. COMPIEGNE - BUCHENWALD

février 2010




 

 

9

 

 

Transport parti de Compiègne le 3 septembre

et arrivé au KL Buchenwald le 4 septembre 1943

 

Effectif recensé : 943 hommes

Matricules extrêmes : 20001 – 20898

Situations :

Evadés durant le transport : 19 (2 %)

Libérés par les autorités allemandes : 2 (0,2 %)

Décédés et disparus en déportation : 414 (43,9 %)

Rentrés de déportation : 415 (44 %)

Situations non connues : 93 (9,9 %)

 

 

 

C’est le deuxième grand transport parti de Compiègne à parvenir à

Buchenwald. Il est formé peu de temps après la décision des dirigeants allemands

d’ouvrir une usine souterraine dans la colline du Kohnstein pour la

construction des fusées.

Les déportés sont en très grande partie des jeunes réfractaires au Service

du Travail Obligatoire (STO) arrêtés au cours des semaines précédentes, et

beaucoup d’entre eux l’ont été en tentant de franchir les Pyrénées pour passer

en Afrique du Nord. La présence de Saint-Cyriens comme Bernard d’Astorg et

Hélie de Saint-Marc est significative. Quelques déportés ont été pris au cours

d’incidents dans des trains de STO partant pour l’Allemagne, comme à Mézidon

(dans le Calvados) le 30 juin 1943.

Les motifs d’arrestation ne manquent pas en raison des actes hostiles qui

se multiplient. La lutte de la police de Vichy contre les communistes remporte

quelques succès comme à Nantes en janvier-février 1943, où la Brigade

spéciale arrête 23 personnes qui sont livrées aux Allemands. 11 d’entre eux

sont fusillés le 25 août à Nantes, et 3 le seront en novembre à Stuttgart.

8 autres partent pour Buchenwald.

Au total, 943 hommes quittent Compiègne le 3 septembre. Il s’agit de

862 Français et de 81 étrangers, dont 28 Belges, 21 Néerlandais et

20 Polonais. De nombreuses évasions se produisent. Une partie des évadés

sont repris.

5 évasions ont lieu à Châlons-sur-Marne et la plupart des autres dans la

Moselle annexée, par exemple à Feltre, au sud de Metz. Au total, 19 évasions

sont connues comme ayant été réussies. Quant aux 28 évadés repris, ils sont

emprisonnés à Metz, puis à Sarrebruck, et transférés ensuite à Buchenwald le

21 septembre (13), le 28 septembre (10), ou plus tard.

Le train arrive le 4 septembre à la gare de Weimar, et les déportés gagnent

Buchenwald à pied. Comme tous les nouveaux venus, ils vont dans les Blocks

de quarantaine avant l’envoi éventuel dans des Kommandos extérieurs.

De l’avis général, ceux qui sont alors transférés au Kommando de Schö -

nebeck pour travailler à l’usine Junkers sont favorisés. Les travailleurs manuels

qualifiés, ou supposés tels, étaient à l’époque recherchés. Il existe deux

mauvaises destinations, qu’on appelle Dora et Laura.

On a recensé 472 personnes, ce qui représente 50 % de l’effectif au

départ de Compiègne, qui ont été transférées de Buchenwald à Dora les

28 et 29 septembre 1943. Elles constituent le premier groupe français qui a

dû affronter ce qu’on a appelé « l’Enfer de Dora ». Il s’agissait d’un chantier

souterrain consistant à implanter une usine moderne dans un ensemble de

galeries servant jusque-là à abriter des réservoirs d’hydrocarbures et

diverses matières premières. Il a fallu tout improviser dans la confusion et la

précipitation – s’agissant d’armes secrètes – avec un matériel de manutention

rudimentaire. Il a fallu réaliser les raccordements ferroviaires,

routiers, électriques, etc. Dans toutes ces tâches des détenus inexpérimentés

étaient encadrés par des détenus « verts » toujours prêts à cogner.

En outre les détenus étaient eux-mêmes logés dans le « Tunnel de Dora »

dans des conditions d’hygiène déplorables, aucun camp n’ayant été créé

dans le voisinage. Ces conditions extrêmes ont subsisté jusqu’à la fin du

premier trimestre de 1944.

101 des déportés de ce transport sont morts à Dora avant le 31 mars 1944.

86 malades ont été transférés au camp « de repos » de Lublin-Maïdanek en

janvier et février et 82 y sont morts. Au moins 67 malades ont été transférés au

camp de Bergen Belsen en mars et la plupart ont disparu.

Peu après le transfert vers Dora, le 9 octobre 1943, au moins 29 autres

détenus français sont arrivés au Kommando de Laura, situé à Lehesten, au sud

de la Thuringe. Il fallait y transformer une ardoisière en un centre d’essais pour

moteurs de fusées. L’un de ces détenus, Paul Adgé, un Saint-Cyrien arrêté au

passage des Pyrénées, a écrit sous le titre Un Kommando nommé Laura un

récit très documenté, à la fois personnel et historique. Un autre témoin

important est son camarade Aimé Bonifas, un étudiant arrêté lui aussi au

passage des Pyrénées. Il sera ensuite transféré à Wieda, près de Dora, pour

des travaux ferroviaires, et échappera finalement de peu à la tragédie de la

grange de Gardelegen, en avril 1945. Son récit intitulé Détenu 20801 dans les

bagnes nazis est un des meilleurs textes sur cette période. Le troisième témoin

sur Laura est Jean-Paul Garin, un étudiant en médecine lyonnais. Il a publié La

Vie dure sur cette expérience.

Ceux qui ont été alors admis au grand camp de Buchenwald n’y sont pas

nécessairement demeurés jusqu’à la fin. Hélie de Saint-Marc a été transféré à

Langenstein. D’autres au KL Flossenbürg.

La situation de 93 déportés n’est pas connue. 59 d’entre eux sont des

étrangers.

 

 

 

André Sellier

 

 

 

~~~~~~

 

 

 

Ces pages sont extraites du :


LIVRE-MEMORIAL

des déportés de France

arrêtés par mesure de répression

et dans certains cas par mesure de persécution

1940-1945

 

 

Fondation pour la Mémoire de la Déportation

 

 

(c) copyright 2004 - Editions Tirésias

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