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Pérenniser la mémoire de la déportation par le transport ferroviaire par la réalisation d'un Mémorial devant avoir pour bases deux wagons conformes à ceux utilisés au départ de Compiègne entre 1942 et 1944. Dans le respect absolu de la vérité historique, qui n'est pas le cas actuellement.

CONVOI du 22 JANVIER 1944. COMPIEGNE - BUCHENWALD

Février 2010

 

14

 

 

 

Transport parti de Compiègne le 22 janvier 1944

et arrivé au KL Buchenwald le 24 janvier 1944

 

Effectif recensé : 2 005 hommes

Matricules extrêmes : 41480 - 43469

 

Situations :

Evadés durant le transport : 14 (0,7 %)

Décédés et disparus en déportation : 844 (42,1 %)

Rentrés de déportation : 990 (49,4 %)

Situations non connues : 157 (7,8 %)

 

 

Ce transport, le septième entre Compiègne et Buchenwald, part le

22 janvier, cinq jours après celui arrivé au KL Buchenwald le 19 janvier dont

il est complémentaire à de nombreux points de vue.

Certains de ces déportés ont été arrêtés à des dates anciennes. Les

exemples les plus extrêmes sont ceux du journaliste Edmond Ben-Danou,

arrêté le 21 août 1940, et de Julien Cain, ancien administrateur de la Bibliothè-

que nationale révoqué par Vichy, arrêté en février 1941. Ils ont fait de longs

séjours à Romainville, puis à Compiègne. Mais la plupart des déportés ont été

arrêtés en 1943, et 69,6 % d’entre eux dans les quatre mois précédant le

départ.

Les effectifs de résistants sont importants. Les uns appartiennent à des

réseaux comme l’OCM dans les Deux-Sèvres ou l’ORA dans le Puy-de-Dôme.

D’autres sont là pour des actions personnelles. C’est le cas du dessinateur

humoristique Jean Bernard, dont un personnage pris en faute avait le tort,

dans un numéro de Ric et Rac, d’avoir une petite moustache et une mèche

tombant sur le front.

En France, les victimes de rafles de représailles sont de plus en plus

nombreuses, et leur déportation est rapide, car il n’y a pas à leur sujet d’affaires

à instruire. Les six exemples qui suivent sont classés dans l’ordre chronologique

des arrestations. La première de ces rafles a lieu à Nantua le

14 décembre 1943 après une expédition punitive de maquisards contre un

collaborateur, le 6. Plus de 150 hommes sont arrêtés. Après des libérations

et des évasions, 92 personnes sont déportées, dont le maire-adjoint et le capitaine

de gendarmerie.

 

A Billom, dans le Puy-de-Dôme, le 16 décembre, une véritable opération

militaire est menée par des soldats allemands et des miliciens. 14 hommes sont

fusillés et 47 déportés. A Morlaix, le 26 décembre, après un attentat le 24, une

vaste rafle aboutit à la déportation de 59 personnes. Après un déraillement le

23 décembre à Vercheny, dans le nord de la Drôme, 55 personnes sont

arrêtées dans les villages voisins pour être déportées. A la fin de décembre,

à Annecy, puis à Saint-Eustache, 23 personnes sont arrêtées, puis déportées,

après la mort de soldats allemands.

Le dernier exemple est plus récent encore. Il se situe à Mussidan, en

Dordogne, le 16 janvier 1944, six jours seulement avant le départ du convoi

de Compiègne. Les 35 personnes arrêtées figuraient presque toutes sur une

liste dont les Allemands disposaient.

Au total, le transport du 22 janvier concerne 2 005 personnes, dont

1 864 Français. Les étrangers, Espagnols, Italiens, Belges, Néerlandais, ne

présentent pas de caractéristiques particulières. Le trajet est marqué par un

total de 14 évasions sur le territoire français, et une soupe à l’arrêt à Trèves. A

Buchenwald, les nouveaux venus vont dans des Blocks de quarantaine voisins

de ceux où se trouvent encore leurs camarades du transport précédent.

La priorité pour les transferts hors de Buchenwald, en février 1944, est

donnée à Dora, où les détenus sont toujours logés dans le Tunnel et où la

mortalité reste élevée. Un premier transfert de 600 Français du transport

précédent avait eu lieu le 10 février. Quelque 500 autres de ce transport-ci

les suivent les 16 et 17. Certains disparaissent rapidement. Un grand nombre

des nouveaux venus, qui sont plus ou moins considérés comme des

« spécialistes », sont affectés à l’usine du Tunnel de la société Mittelwerk,

pour la fabrication des fusées. Cette usine commence alors à avoir une

activité régulière.

En dehors de Dora, des transferts importants ont lieu vers Flossenbürg, et

Mauthausen. En ce qui concerne le camp de Flossenbürg, Buchenwald sert

régulièrement de transit. Il s’agit cette fois de quelque 270 personnes. L’opé -

ration de transfert vers Mauthausen est au contraire isolée. Les 350 déportés

concernés sont destinés, pour l’essentiel, au camp de Gusen II pour l’exécution

de travaux souterrains importants destinés à enterrer la construction de

matériel aéronautique. En mars, puis en avril 1944, deux importants transports

vont directement de Compiègne à Mauthausen, et les déportés vont eux aussi

en majorité à Gusen, un camp très meurtrier.

Le transport comprend diverses personnalités dont un dirigeant important

de la Résistance, futur Compagnon de la Libération, le colonel Frédéric-Henri

Manhès, qui s’impose auprès des responsables communistes du camp.

Christian Pineau, qui a conservé une fausse identité, reste plus en retrait. La

reconnaissance de l’importance des Français apparaît par l’entrée de Daniel

Anker à l’Arbeitstatistik. Figurent aussi trois autres Compagnons de la Libé -

ration, à titre posthume pour Pierre Arrighi, membre fondateur du mouvement

Ceux de la Résistance (CDLR), ou à leur retour de déportation pour François

Boquet, membre du réseau Cohors-Asturies, et Hugues Limonti, chef du

service des liaisons de la Délégation générale mise en place par Jean Moulin.

Trois parlementaires appartiennent à ce transport : François de Tessan,

ancien secrétaire d’Etat (qui décède rapidement), Eugène Thomas, député du

Nord, et Albert Forcinal, député de l’Eure. Eugène Thomas sera ensuite

ministre à plusieurs reprises. A côté de Julien Cain, on peut noter la personnalité

du professeur Charles Richet, qui sera membre de l’Académie de

médecine.

A Dora, il convient de souligner le rôle au Revier du chirurgien Jacques

Poupault, et le talent de dessinateur de Guy Boisot. Charles Sadron, professeur

de physique à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, est un des

principaux contributeurs au recueil Témoignages strasbourgeois, par son récit

A l’usine de Dora. Jacques Courtaud, un des responsables de CND-Castille,

est transféré à Laura, puis à Ellrich. Il a laissé un témoignage précieux sur sa

déportation.



 

André Sellier

 

 

 

 

~~~~~~

 

 

 

Ces pages sont extraites du :


LIVRE-MEMORIAL

des déportés de France

arrêtés par mesure de répression

et dans certains cas par mesure de persécution

1940-1945

 

 

Fondation pour la Mémoire de la Déportation

 

 

 

(c) copyright 2004 - Editions Tirésias

 

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