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Pérenniser la mémoire de la déportation par le transport ferroviaire par la réalisation d'un Mémorial devant avoir pour bases deux wagons conformes à ceux utilisés au départ de Compiègne entre 1942 et 1944. Dans le respect absolu de la vérité historique, qui n'est pas le cas actuellement.

CONVOI du 04 JUIN 1944. COMPIEGNE - NEUENGAMME


mars 2010

 

 

 

22

 

 

 

 

 

Transport parti le 4 juin 1944 de Compiègne

et arrivé le 7 juin 1944 au KL Neuengamme

 

Effectif recensé : 2 064 hommes

 

Matricules extrêmes :

3318935185

4280142815

 

Situations :

Evadés durant le transport : 23 (1,1 %)

Décédés et disparus en déportation : 968 (46,9 %)

Rentrés de déportation : 958 (46,4 %)

Situations non connues : 115 (5,6 %)

 

 

 

Le train parti de la gare de Compiègne le dimanche 4 juin 1944, à destination

du KL Neuengamme, figure parmi les plus importants transports de

déportation au départ de France. C’est aussi le second à prendre la direction

de ce camp de concentration qui, pour les départs de Compiègne au moins et

depuis mai 1944, devient la destination la plus utilisée pour plus d’un déporté

sur deux, quatre des sept transports emmenant plus de 1 500 détenus à

chaque fois.

Les départs vers le Reich s’accélèrent donc déjà, avant même que les

Alliés n’aient débarqué en Normandie. Ils sont à la fois la conséquence des

nombreuses arrestations de cette période, et le résultat des besoins de main

d'oeuvre de l’économie de guerre allemande. Le camp de Compiègne-Royallieu

sert de lieu de rassemblement, et les départs qui y sont organisés mêlent alors

de nombreux cas d’arrestation différents, les transports étant représentatifs

d’un contexte répressif général.

Le profil des déportés de ce transport permet de constater cet état de fait,

d’abord par leurs dates d’arrestation : prés de 90 % d’entre eux sont arrêtés

dans les quatre mois qui précèdent le départ, alors que le mois de mai 1944

représente à lui seul 28 % du total.

Les motifs d’arrestation connus illustrent ensuite la lutte menée contre les

résistants, et la montée des représailles contre une population à qui l’on

reproche son soutien à ces derniers. De nombreux membres de réseaux

démantelés, comme en Saône-et-Loire en mars-avril 1944, et des maquisards,

comme ceux du Ventoux également faits prisonniers durant la même période,

se retrouvent ainsi dans ce transport. Claude Bourdet, fondateur du Mouvement

de Libération Nationale, membre du Comité directeur de Combat, Compagnon

de la Libération, est ainsi déporté. Les rafles menées contre les habitants se

détachent, elles, par leur ampleur. La plus notable, dans le cas de ce transport,

reste celle de Figeac (Lot) opérée les 11 et 12 mai 1944, après que des

premières arrestations aient eu lieu sur le territoire de la commune de Saint-

Céré et alors que les troupes allemandes recherchent activement des résistants.

Les hommes âgés de dix-huit à soixante ans sont ainsi rassemblés dans

la cour de la gendarmerie et sur la place des Carmes de Figeac ; des femmes

suspectées d’appartenir à la Résistance sont également arrêtées. Ils sont

plusieurs centaines à partir pour Montauban, alors que ceux qui travaillent

pour les services publics, pour les entreprises d’alimentation, ou pour des

usines stratégiques, et qui ne sont pas repérés comme des « maquisards »,

sont relâchés. Après des interrogatoires, ils sont encore plus d’une centaine à

être déportés, d’abord et surtout dans ce transport pour Neuengamme, et

ensuite dans le suivant qui part de Compiègne vers le KL Dachau le 18 juin

1944.

Les origines de ce transport sont enfin illustrées par l’éparpillement des

départements d’arrestation connus : en dehors des départements d’Alsace-

Moselle annexés, seule une quinzaine d’entre eux ne figurent pas dans cette

liste, et aucune région ne se détache véritablement.

Lorsque le train part, le dimanche 4 juin dans la matinée, les bombardements

de la RAF sur la région s’intensifient et gênent les transports ferrés.

Ainsi, très peu de temps après le départ, le convoi est stoppé à la gare de triage

de Creil, dans l’Oise, du fait des dégâts causés. Un autre arrêt prolongé a lieu

en gare de Lagny, en Seine-et-Marne. Les différents témoignages notent par

ailleurs son allure souvent lente et ses nombreux arrêts. De ce fait, il semble

que le transport ne franchisse la frontière avec l’Allemagne que dans la nuit du 5

au 6 juin, après notamment un nouvel arrêt à Châlons-sur-Marne le lundi. En

passant ensuite par Mannheim, Francfort et Hanovre, le train arrive le matin du

7 juin dans la gare en partie détruite de Hambourg. Le même jour, il parcourt les

25 derniers kilomètres les menant au KL Neuengamme.

Ces conditions, souvent extrêmes pour les déportés qui voyagent sous une

forte chaleur et sans eau, favorisent par contre un grand nombre d’évasions, qui

n’ont pas toutes réussi. Elle sont préparées dès Compiègne parfois, comme le

montre l’exemple d’un petit groupe de résistants qui réussissent à rester

ensemble lors de la montée dans les wagons à bestiaux et à garder sur eux

quelques outils. 23 cas d’évasions réussies ont ainsi pu être recensés, dont 21

entre Châlons-sur-Marne et Vitry-le-François, dans le département de la

Marne ; les 2 autres ayant lieu juste avant le passage de la frontière. Mais,

parmi les déportés qui sautent du train alors qu’il se trouve déjà en Moselle,

c’est-à-dire en territoire allemand annexé de fait, 15 sont repris presque aussitôt

à Forbach et sont immédiatement emmenés au camp de représailles de Sarrebruck

Neue Bremm. Ils y restent deux mois avant d’être envoyés au KL Neuengamme,

leur destination d’origine. Ils entrent au camp le 18 août 1944 et sont

immatriculés du numéro 42801 au numéro 42815.

Par ailleurs, si certains témoignages, évoquent des décédés durant le

transport, nos recherches n’ont pas permis d’en retrouver les noms, notamment

à cause de l’absence de liste de départ de Compiègne.

Ce sont donc, en l’état actuel des recherches, 2028 hommes qui sont

arrivés le 7 juin au KL Neuengamme.

Après deux ou trois semaines de quarantaine dans les Blocks douze et

quatorze, les déportés nouvellement arrivés subissent les transferts vers des

Kommandos de travail ou des KL. Ainsi, une grande partie de ce groupe, au

moins 880 déportés, est intégrée à un transport de plus de 1 000 déportés

dirigés vers le KL Sachsenhausen, sûrement le 6 juillet. A leur arrivée, ils

sont immatriculés dans la série des « 84000 ». Une partie d’entre eux est

envoyée rapidement au Kommando de Falkensee.

Les autres déportés sont transférés vers des Kommandos du KL Neuengamme.

Une petite centaine de déportés arrivés le 7 juin partent ainsi le 28 juin

1944, dans un transport de 450 personnes environ, pour le Kommando de

Watenstedt. Les détenus de ce camp travaillent pour les aciéries Hermann

Goering à la fabrication d’obus et de bombes. Le 1er juillet, un deuxième

départ vers le Kommando de Stöcken est composé de 400 à 500 détenus,

dont au moins 215 déportés de ce transport. Situé au nord-ouest de

Hanovre, ce complexe comprend deux unités de production : l’une est vouée

à la production d’accumulateurs de sous-marins, et l’autre à la production de

caoutchouc pour pneus d’avions et d’automobiles. Les principales autres destinations

de ces déportés arrivés le 7 juin sont les Kommandos de Misburg, de

Hambourg, de Lengerich, de Meppen Versen, et de Schandelah.

Les déportés repris après leur tentative d’évasion, envoyés au camp de

Neue Bremm à Sarrebruck, et qui n’arrivent au KL Neuengamme que le 18 août

1944, sont transférés en décembre 1944 au KL Buchenwald, où ils sont immatriculés dans les « 99400 ». Ils sont ensuite envoyés dans les KL Dachau ou

Bergen-Belsen. Leur parcours est donc très différent de celui de leurs camarades

arrivés le 7 juin.

Si des déportés de ce transport décèdent au camp central de Neuengamme

ou dans ses Kommandos, beaucoup trouvent la mort lors de l’évacuation de

1945. A titre d’exemple, des personnes meurent d’abord en baie de Lübeck,

lors des bombardements des bateaux de la marine marchande où elles étaient

entassées, dont le « Cap Arcona » ; ensuite en cours de route ou dans les

différents lieux de transfert où elles sont arrivées. Plus d’une centaine décèdent

ainsi au camp de Bergen-Belsen. Au total, ce sont 968 personnes partis le 4 juin

(46,9 %) qui disparaissent en déportation.

 

 

 

Thomas Fontaine, Gérard Fournier, Guillaume Quesnée

 

 

 

~~~~~~

 

 

 

 

 

 

Ces pages sont extraites du :

 

 

LIVRE-MEMORIAL

des déportés de France

arrêtés par mesure de répression

et dans certains cas par mesure de persécution

1940-1945

 

 

 

Fondation pour la Mémoire de la Déportation

 

 

 

 

 

© copyright 2004 - Editions Tirésias

 

 

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